Dans la tête des tueursAnnée de sortie : 2014

Auteur : CHALMET Véronique
Editeur : Hors Collection



Sans Collection
Broché/228 pages
Date de parution : 5 juin 2014
ISBN : 2-258-10789-X

Journaliste d’investigation et écrivain, Véronique Chalmet nous offre ici un document choc sur l’avènement du profiling, analyse comportementale devenue complémentaire des enquêtes traditionnelles dans certains cas extrêmes dont sont représentatifs les serial killers.

Si de tout temps on a cherché à répertorier, classer, identifier « l’incarnation du mal » sous ses divers aspects, tant physiques que psychologiques, du nez verruqueux des sorcières moyenâgeuses aux rituels de Jack l’Eventreur, on s’accorde aujourd’hui à reconnaître le psychiatre James Brussel comme l’auteur du premier profil ayant permis l’arrestation d’un fou criminel… à New York en 1957 !
Ce n’est donc que dans la seconde partie du XXème siècle que le profiling va vraiment se développer aux Etats-Unis « où la moyenne est de trois nouveaux tueurs en série découverts chaque mois.»

Véronique Chalmet nous présente six de ses « fondateurs » dont l’implication, souvent obsessive à défaut d’être empathique, a ouvert la voie de la reconnaissance à une science jusqu’à eux empirique, tâtonnante et non probante.
On ne devient pas profiler par hasard. Tous ont en commun une vocation complexe, résultante d’une enfance atypique, difficile, voire « obscure ». Tous ont en commun d’avoir côtoyé et « étudié » les pires criminels de leur époque : Charles Manson, Ted Bundy, John Wayne Gacy, Ed Kemper ou Ed Gein pour ne citer que les plus tristement célèbres, source intarissable de thrillers littéraires et cinématographiques.
Car la fascination existe, soulevant plus de questions qu’apportant de réponses. Et pour la plupart de ces pionniers elle eut un attrait morbide, déstabilisant, qui ruina leur vie privée et mit parfois en péril leur propre équilibre psychique.
Robert Ressler (1937-2013) : « pour comprendre un serial killer il faut penser comme lui »
Helen Morrison (1942) : « rien d’anormal… on ne sait rien ! Du moins rien pour l’instant… Et c’est bien ce qui me pousse à poursuivre mes recherches. »
John Douglas (1945) : « il faut connaître la terreur de la victime, sa douleur, ce qu’elle éprouve... Il faut l’accompagner dans son agonie…la clef, c’est la victime.»
Howard Teten, instructeur à l’Académie du FBI à Quantico en 1969 et inventeur du profiling moderne : « Rien de figé, il faut toujours avancer… Le profiling criminel est une opinion. C’est une aide à l’investigation… (mais) il ne faut pas livrer de profil tant qu’on a des pistes pertinentes à suivre. »
Roy Hazelwood (1938) : « le monde des fantasmes est fascinant… Il est extrêmement pertinent de prendre cela en compte pour résoudre une affaire. C’est même par là qu’il faut commencer. »
Micki Pistorius (1961 en Afrique du Sud) : « quand j’interroge un serial killer, je plonge dans les ténèbres de son âme. Je connais bien ce sentiment de vacuité, de solitude, de dépression, de mort, de toute-puissance et de peur. Je vais au plus profond pour comprendre leur tourment. »

Véronique Chalmet nous livre la tête des tueurs décryptée par leurs « chasseurs » : une approche inédite, originale et très documentée du Mal absolu qui aborde à la fois l’intérêt du profiling et son ambivalence.
Dommage que l’auteure romance ce qui n’appartient pas aux témoignages directs et aux faits avérés. Elle entre dans la tête des profileurs et leur brode des univers : « Micki joue parfois à épier les adultes, mais préfère encore s’imaginer exploratrice du royaume des fées dont on raconte qu’elles confèrent des pouvoirs surnaturels à certains enfants… Micki voudra continuer à croire toute sa vie à ces êtres magiques… »
Mais ça ne nuit en rien à la passionnante rigueur de l’ouvrage.


Dom.