En cette fin d’année où vous recherchez de jolis cadeaux pour égayer vos bibliothèques, voici un ouvrage qui ne manquera pas de piquer votre curiosité.
A l’occasion du bicentenaire de la naissance de l’écrivain irlandais Sheridan Le Fanu, la collection Métamorphose des éditions Soleil propose en effet une très jolie version illustrée de sa fameuse novella Carmilla.

On y retrouve le texte original avec la tragique maladie qui finit par emporter la jeune aristocrate Laura, transie d’amour pour la jeune femme qu’elle a recueillie suite à un accident. Peu à peu vidée de son sang, elle quittera son monde sous les yeux impuissants de ses proches.
Les dessins pastels, d’une infinie délicatesse de Mazzanti subliment ainsi ce texte gothico fantastique fondateur.
On y reconnaît de nombreuses influences qui se mêlent entre elles pour produire une œuvre assez inclassable, très éthérée, à la fois en rupture totale avec le texte d’origine et pourtant complètement adapté à lui.
On pense aux estampes japonaises mais aussi aux caricatures du XIXème presque grivoises, un vrai melting pot graphique en somme mais qui effleure toujours chaque sujet et rend toujours l’illustration discrète.
L’utilisation raisonnée du rouge dans le noir et blanc (façon désaturation partielle) souligne la perversité du texte, l’emprise de Carmilla sur son hôte et l’impossibilité de sauver Laura. D’ailleurs ces filets sanguins s’apparentent fort à de véritables filets ou à tout le moins à des toiles arachnéennes, renforçant l’aspect irrémédiable de la narration.

Voici donc un bien bel écrin pour ce texte fondateur du genre vampirique. Etonnant et tellement juste, il ne pourra que vous ravir si vous appréciez la littérature gothique ou si vous vous intéressez aux origines des textes consacrés aux personnages aux dents longues.