ChimichangaAnnée de sortie : 2013

Auteur : POWELL Eric
Editeur : Delcourt



Collection Contrebande
Couverture cartonnée avec jaquette
96 pages couleurs
Date parution : 6 février 2013
ISBN : 978-2-7560-2980-1


Certaines œuvres sont poétiques dès leur couverture.
Etrange, patinée, ce qu’elle représente semble à mi-chemin entre une icône hawaïenne frappée par un nuage nucléaire et une statue de l’île de Pâque gravée par des pluies douces-acides. Et cette cover s’impose à nous, nous ensorcelle déjà. Il y a donc fort à parier que ce comics sera bon. Eh bien, je peux vous dire qu’il se montre même bien meilleur que cela !

Ambiances foraines, burtoniennes, et ‘freaks’ à souhait au menu de ce délicieux one shot à mettre entre toutes les mains. On y rencontre une petite fille téméraire, mais aussi innocente et insouciante, qui porte le doux nom de Lula. Elle vit dans un milieu forain où l’argent n’est pas facile. Elle-même participe aux numéros en exhibant fièrement sa barbe noire et drue. Cet attribut particulier, attire la convoitise d’une vieille sorcière qui compte s’en servir comme ingrédient d’une potion. En échange de quelques poils, Lula récupère un joli œuf presque aussi gros qu’elle. Rapidement éclos, celui-ci devient un énorme monstre poilu un rien gourmand mais très gentil avec elle. Une aubaine pour le cirque qui devrait faire une attraction rentable avec celui qu’elle a baptisé Chimichanga. Mais les jalousies des forains s’éveillent à l’arrivée de ce nouveau plutôt envahissant. En outre, la barbe de Lula intéresse fortement un businessman peu scrupuleux. La vie ne risque pas de se transformer en long fleuve tranquille pour la petite et sa bête.

Chimichanga est graphiquement magnifique. Les tronches des personnages nous laissent un souvenir impérissable (perso je suis super fan du poisson à tête de… NO SPOILER ). L’animation de Chimichanga et surtout son regard se révèlent fabuleux, d’une justesse incroyable.
Côté scénario, j’émets un petit bémol sur la répétition de quelques blagues scato auxquelles je ne suis pas sensible. Cela me rappelle trop les scènes que je juge parasites sur les dessins animés lorsque les héros pètent de façon répétée (cf Pumba ou Shrek pour ne citer qu’eux).
Pour le reste, la narration oscille entre humour, tendresse, critique et poésie. Elle nous évoque avec délice les chefs d’œuvre du septième art que sont La Strada ou Freaks.

Voici donc un essai plus que transformé pour l’auteur de The Goon. Il aurait aimé que Chimichanga soit un dessin animé comme prévu. Je trouve personnellement que le format papier lui convient amplement. On en prend plein les yeux et le cœur. Il s’agit pour moi du must-have absolu de ce début 2013 !


Tiphaine