Collection : Contrebande
Album broché/72 pages
Date de parution : 10 septembre 2014
ISBN : 978-2-7560-5039-3
Quel plaisir de retrouver James o'barr aux manettes de ce qui sert de référence à bon nombre d'entre nous.
The crow est une icône, une source d'inspiration à plus d'un titre.
Après de nombreuses années d'absence le créateur est de nouveau scénariste pour une nouvelle mise en scène des plus macabres : quel endroit est le plus indiqué lorsque l'on parle de meurtre d'innocents et de sentiment de vengeance que les camps de concentration ?
Vous allez découvrir un homme dont nous ne connaîtrons pas le nom. Alors qu'un nouveau convoi fait son entrée dans cette antichambre de la mort, cet ancien prisonnier revient à la vie pour faire payer ses anciens bourreaux. Qui est il, que veut il, peu importe au fond. Il est la pour étancher sa soif de sang, celui des nazis qui l'ont brisé et qui ont assassiné en toute impunité sa famille.
Les sujets abordés sont toujours lourds : le meurtre d'innocents, qui reviennent d'entre les morts pour accomplir des actions encore plus blâmables que celles dont ils ont été victimes.
Le choix de James o'barr de situer son histoire dans un camp d'extermination nazi va vous mettre mal à l'aise. Car comme dans notre Histoire, si certains soldats sont là pour des raisons évidentes et prennent plaisir à massacrer, d'autres ne font que fermer les yeux sur les massacres qui se perpétuent devant eux tous les jours. Sont ils tous responsables? Pour les corbeaux c'est le cas. Ces oiseaux ne sont pas là pour faire un long procès ou permettre à qui que ce soit de faire amende honorable. « Tuez les tous et dieu reconnaîtra les siens » pourrait être leur devise. Si dieu existe bien sur. Cela dit les corbeaux ne sont pas là pour massacrer tout le monde : les autres prisonniers ne sont pas la cible de la vengeance.
James o'barr nous plonge dans une horreur inextricable. Le sang, les larmes et les cris sont présents dans chaque page. Le neige si pure qui tombe en sera irrémédiablement souillée. Car rien ne peut rester vierge lorsque l'homme devient un loup pour l'homme.
La référence à la légende des Nibelungen donne une autre dimension au récit et rappelle qu'Odin a toujours près de lui deux corbeaux.
Le traitement graphique de Jim Terry est tout à fait approprié. Avec un trait très appuyé, très sombre, il met en scène et en image de la meilleure des façons cette histoire. Toujours très noires tout en restant lisibles, les cases défilent sous vos yeux, chacune vous tire un peu plus dans une zone de remplis, de fureur et de tristesse. Vous comprendrez au fur et à mesure pourquoi cet ancien prisonnier a soif de vengeance. Jim Terry joue très bien avec les couleurs pour marquer les flash-back. Il gère avec justesse la représentation des exécutions, démembrements et autres atrocités, pour vous procurer une sensation de malaise, sans vous dégoûter totalement.
The Crow : le scalp des loups est un nouvel épisode de The Crow qui montre une facette bien plus sombre et moins romantique que celle que l'on retrouve dans l'histoire originelle.
Elle est dérangeante et froide. Elle vous fera vous interroger sur ce que vous auriez fait dans une telle situation : auriez vous porté les tenues raillées, les fusils, laissé faire, ou tenté de vous rebeller?
Quoi qu'il en soit ce nouvel épisode est une petite merveille qui vous remuera les tripes.
Xavier |