Nous connaissons déjà le duo Ivan Brandon, Nic Klein, pour la série Drifter chez Glénat comics. Ici, les auteurs se frottent à l'univers nordique.

Ce comics est à la fois une réussite et une déception, mais à la fin c'est une note positive que nous donnons.
La première des réussites, c'est bien sûr la couverture avec ce casque abîmé et le corbeau (qui rappelle Hugin et Munin). Les teintes se marient à merveille, la mer en arrière plan est une belle invitation au voyage…
La déception c'est le traitement graphique qui est inégal. Pourquoi avoir choisi de belle cases ou des pleines pages très appliquées, qui côtoient des cases grossières, presque bâclées ?
La première case, page 14 est d'une intensité remarquée avec ce regard qui ne laisse pas de choix à qui le croise. Comment se fait-il que le reste de la page ne soit pas dans la même veine?
De même page 17 en bas de page nous avons les mêmes personnages. À gauche tout va bien, à droite c'est raté. Et ainsi de suite, le meilleur côtoie le médiocre.
Heureusement c'est ce qui est le plus beau, le plus expressif qui est le plus mémorable. Ce qui vous permet de garder un bon souvenir de votre lecture.
Quand on voit des pleines pages, comme celle qui clôture le chapitre 2, comment ne pas être subjugué par l'intensité de la scène ?

Toute l'histoire est basée sur cette dynamique.
Il faut dire que la vie dans le nord c'est pas simple. Surtout si vous croisez les terribles frères Finn et Evil. Deux bandits qui ne vivent que de violence, vols, meurtres, pillage...
Rien ne leur fait peur. Ils n'apprennent jamais de leurs erreurs. Ils sont une déception perpétuelle de (presque) toutes les personnes qu'ils croisent.
La vie ne leur fera jamais de cadeau. Peu importe, être sage et raisonnable n'est pas quelque chose de concevable pour eux.
Mais à force de provoquer, ils risquent de finir bien mal. Reste à savoir dans quelles circonstances ?
Une histoire féroce qui nous fait découvrir deux crapules de la pire espèce.
Ivan Brandon a un don pour donner de l'intérêt à la vie de ces deux terreurs. Il leur donne tout de même une petite part d'humanité et de compassion, même si cela ne les sauvera pas pour autant. Ici, pas de retournement de situation, d'happy end. La rencontre avec la princesse n'est pas l'occasion d'une rédemption.
L'univers est sombre et froid de bout en bout.

Le dessin de Nic Klein cadre bien avec cette aventure âpre. Il sait dessiner dans la noirceur. Faire transparaître cette agressivité, cette violence perpétuelle. Beaucoup de contraste, avec des jeux d'éclairage qui mettent dans les scènes des jeux d'ombre qui frappent. Comme si, à chaque fois, il y avait quelque chose à cacher. Comme si la vérité crue ne pouvait pas s'exposer en pleine lumière, trop horrible qu'elle est. Cela donne aussi une sensation d'oppression et de menace. Ce qui correspond très bien avec la vie que mènent Finn et Egil.

Viking est une aventure qui sort des sentiers battus. Vous risqueriez vous sur ces terres froides et hostiles ?

Xavier