Juste un peu de cendresAnnée de sortie : 2017

Auteur : DAY Thomas/POLICE Aurélien
Editeur : Glénat Comics



Glénat Comics
Album cartonné/128 pages couleurs
Date de parution : 25/10/2017
ISBN : 9782344014493


Synopsis :

Ashley Torrance, dix-sept ans, a un don, ou plutôt une malédiction. Avec l’un de ses yeux vairons elle est en mesure de percevoir ses congénères sous un autre aspect que celui qu’ils donnent à voir. Elle perçoit leur véritable apparence : effrayants, grisâtres, à la fois sanguinolents et poudreux ; comme alimentés par un feu noirâtre et reliés les uns aux autres par un filin de cendre. Elle fait la rencontre de deux jeunes autres personnes partageant cette même vision.
Ash, Bruce et Sunny décident alors de prendre la route pour retrouver un dénommé Pilgrim, afin de comprendre qui sont ces créatures et ce qu’ils sont tenus de faire de leurs pouvoir.

Chronique :

Une allégorie sur les affres dans lesquelles la souffrance psychique, l’isolement social et la mort des rêves peuvent entraîner l’humanité, jusqu’à ce qu’on ait perdu tout ce qui nous reliait à elle.

Un scénario qui nous emmène là où nous n’aurions jamais pensé nous retrouver.

J’avais d’abord cru en un récit portant sur la psychologie humaine, plus précisément sur la malédiction offerte à ceux capables de percevoir le pire qui se cache en chacun de nous. Puis les éléments fantastiques sont apparus, non pas pour entraver le rapport au réel de l’argumentaire de l’auteur mais bien pour l’alimenter et le nourrir.

Cette lecture m’a donné l’effet d’un permanent aller-retour entre réalité et fiction, présent et futur, références aux classiques du genre et recherche d’originalité.

On retrouve certains dénominateurs communs avec la thématique des zombies qui constitue certainement le filon le plus visité des deux dernières décennies. Mais dans Juste un peu de cendres le gore n’a pas tribune et c’est avec reconnaissance que l’on redécouvre cet archétype depuis trop longtemps réchauffé, sous une forme mêlant habilement horreur avec empathie et compassion.

Un visuel entièrement réalisé par ordinateur mêlant 3D, photos, dessins et peinture numérique, semblant vouloir jouer de l’aspect désordonné et de la superposition de matières et d’aspects pour maintenir l’attention du lecteur de longues secondes sur chaque illustration.

Moi qui ai toujours eu tendance à me faire accaparer par le fond des récits plutôt que par leur aspect graphique, j’ai eu cette fois besoin de m’y reprendre parfois à deux fois pour comprendre les textes, tellement les illustrations me faisaient scotcher.

Un graphisme sautant du rougeoyant au crépusculaire qui au premier abord m’a glacé le sang. En feuilletant le livre pour m’en faire une première impression, c’est l’alternance entre couleurs vives et noirceur qui m’a sauté aux yeux et a créé un sentiment de malaise jouissif et de terreur.

J’ai respiré uniquement par petites bouffées d’air tout le long de la lecture, sans doute apeurée que les éléments cendreux des graphismes ne finissent par me recouvrir. Comme une sensation d’oppression.

Les auteurs font naître au fur et à mesure de leur récit autant d’explications sur leur univers que de questionnements sur la quête des trois protagonistes.

Seul bémol, une fin trop ouverte, qui laisse peut-être un peu trop sur sa faim. Comme s’il était attendu que le lecteur réfléchisse à son propre rôle à jouer dans cette allégorie…

Entre road-movie sauvage et récit d’apocalypse crépusculaire, Juste un peu de cendres est une histoire à la fois violente, haletante, poétique et mélancolique. Elle condamne notre société décadente et individualiste, et réinterroge le passé sanglant du peuple Américain.

« Une histoire n’a pas de fin. Au pire, elle se love dans l’oubli, comme une bille de verre dans les profondeurs de sable d’une plage »

Morgane