Collection : FOLIO SF N°408/528pages
Date de parution : 29 septembre 2011
ISBN : 9782070437405.
La qualité d’écriture de Catherine DUFOUR n’est plus à démontrer. Avec les nombreux prix attribués à son roman Le goût de l’immortalité et à sa nouvelle L’immaculée conception (que vous retrouverez dans ce recueil), la preuve en a déjà été faite.
C’est à travers ces 21 textes que vous allez vous faire votre propre idée de la chose. Et finalement, c’est plus en fonction du thème abordé qu’ira votre préférence, car tous sont écrits avec habileté et beaucoup d’esprit.
Pour ma part, L’immaculée conception m’a beaucoup plu. En raison du décalage complet entre ce que vit la pauvre Claude et ce que s’imagine son entourage. Entre préjugés et hypocrisie sociale, Catherine DUFOUR n’épargne rien à son personnage. Kurt Cobain contre Dr No est un bel exercice de style et de révélations pour ceux qui ne connaissent pas la véritable identité de feu Kurt Cobain. Cette nouvelle utilise pour les dialogues de Kurt Cobain des extraits de ses interviews. Remises hors de leur contexte, mais tout en gardant leur sens vous découvrirez un Cobain relativement détestable, finalement assez proche de la réalité. Il vous suffira de vous rapprocher de quelques biographies pour vous en rendre vite compte. A noter que la playlist qui accompagne ce texte est des plus fournie (à lire à la maison pour avoir la tracklist à portée de main). Une Troll d’histoire est un bon moment de détente où les trolls en prennent plein la gueule pour pas un rond. Il faut dire qu’ils sont plus que bêtes et ne méritaient finalement pas mieux. Dans un style radicalement différent et beaucoup plus raffiné, l’hommage à Poe qu’est Confession d’un mort vous donnera l’impression de lire un texte d’époque, avec son vocabulaire surfait et précieux. On y trouve une foule de clins d’œil à l’œuvre du maître comme notamment le chat borgne. Je vous laisse découvrir les autres. Dans la série « référence » lisez La liste des souffrances autorisées, sans vous en dire d’avantage (tout est expliqué dans la postface), vous saurez, peut-être, détecter à quel roman Catherine DUFOUR fait allusion. Le sourire cruel des trois petits cochons est une histoire entre fantastique et horreur sur des plantes devenues particulièrement agressives dans un cimetière. La force d’évocation de ce texte vous donnera l’impression de voir un véritable court métrage se dérouler dans votre tête au fur et à mesure de votre lecture. Si vous pouviez le découvrir, en pleine nature, un soir, le frisson est garanti.
Pour les textes qui m’ont moins accroché : Vergiss mein nicht, qui fait bien rêver, dont la fin est bien trop rationnelle pour être plaisante et m’a gâché tout ce que j’avais imaginé pendant ma lecture. Et pour La lumière des elfes, j’ai du passer complètement à côté de l’essence de cette nouvelle, car je n’ai rien ressenti. Alors que c’est justement tout ce que souhaite transmettre cette histoire : l’intensité des sensations que procurent les œuvres d’art. Tant pis pour moi.
Je ne vais pas vous en dévoiler d’avantage en énumérant les 21 textes. Mais soyez certains que vous serez ravi de picorer à travers ce recueil, au grès de vos envies, les lignes qui vous conviennent le mieux au moment où vous aurez ce livre entre vos mains.
La postface est particulièrement instructive, car Catherine revient en détail sur chacun de ses textes en vous expliquant comment elle a eu l’idée de départ et quel bois ils sont faits. Cet exercice de style est réalisé avec brio par Catherine DUFOUR. Elle livre simplement et honnêtement ses anecdotes, ainsi les nouvelles sont remises en lumière. Et votre angle de vision changera parfois. Une occasion peut-être de relire les textes qui vous ont le plus accroché, une fois les précieuses informations recueillies.
Xavier |