The City And The CityAnnée de sortie : 2011

Auteur : MIEVILLE China
Editeur : Fleuve Noir



Roman broché, 301pages
Traduit de l’américain par Nathalie Mege
Date de parution : 13-10-2011
ISBN : 9782265090651

China MIEVILLE n’a nul autre pareil pour décrire des ambiances urbaines étouffantes. Vous avez très certainement découvert son style avec Perdido Street Station. Il revient en cette fin d’année 2011 avec une nouvelle petite merveille qui se déroule dans un tout nouvel endroit.
Dans The City & The City vous allez faire la découverte de deux villes qui se touchent, s’imbriquent parfois, mais s’ignorent : Besźel et Ul Qoma. Les habitants de l’une font comme si l’autre n’existait pas. Et pourtant ils doivent être particulièrement vigilants, sous peine d’être responsables d’un crime particulièrement grave et très sévèrement puni : la rupture.

Pour commettre une rupture, il suffit de faire passer de la marchandise de Besźel à Ul Qoma par exemple. Ou soi-même se déplacer d’une ville à l’autre sans autorisation. Ce qui peut arriver facilement, car certains bâtiments ont une entrée dans une ville et leur sortie dans l’autre. Autant dire que c’est une véritable gymnastique de l’esprit de faire en sorte de ne pas faire attention à son voisin. Ou plus exactement, de faire très attention à ce que vous fassiez comme si votre voisin n’existait pas. Car lorsque la rupture est constatée, une unité spéciale intervient et l’auteur de la rupture ne revient jamais. Le pire, c’est que personne ne peut voir véritablement les agents de la rupture, ils sont toujours dans l’ombre, flous, impalpables et pourtant bien présents. Ce qui renforce l’inquiétude des habitants des deux villes et maintient cet état d’ignorance mutuelle.

Malgré tout cela, une femme va être retrouvée morte à Besźel. L’inspecteur Tyador Borlù va ,en fin limier, s’apercevoir qu’elle vient de Ul Qoma. Dans quelles conditions est-elle décédée et pourquoi a-t-elle été transportée d’une cité à l’autre ? Après quelques vérifications et en employant des techniques bien à lui, qui lui valent quelques soufflantes de la part de sa hiérarchie, il ne lui restera plus qu’une solution, faire en sorte d’être dessaisi du dossier au profit de la rupture, car il se heurte à un mur. Et cela ne se fait pas de transporter des cadavres d’une ville à l’autre. Mais les choses sont bien plus compliquées qu’il n’y parait. L’inspecteur Tyador Borlù va l’apprendre à ses dépends d’une façon des plus surprenantes. Car si Besźel et Ul Qoma s’ignorent, force est de constater qu’elles ont sur ce dossier un problème commun qu’il va falloir résoudre, quoi qu’il en coûte.

China MIEVILLE a une imagination particulièrement surprenante. Imaginer deux villes qui se touchent et pourtant s’ignorent, ce sont des situations que nous connaissons (les colonies d’Israel et les territoires palestiniens) ou que nous avons connus (Berlin Est et Berlin Ouest). Mais cette fois il a poussé le bouchon un peu plus loin avec ce système surprend de « Rupture ». Si le concept est relativement obscur au début de la lecture, au fur et à mesure de l’enquête menée de main de maître par Tyador Borlù et son équipe, vous allez mieux comprendre comment tout cela fonctionne. Vous découvrirez la complexité de la vie de ces deux cités, comment elles s’ignorent, comment elles vivent ensemble et de quelle façon les étrangers tentent de s’y adapter lors de leur séjour.
Pour faciliter l’acclimatation à ces bizarreries, China MIEVILLE nous donne quelques points de repère en plaçant The City & The City dans un futur proche où la technologie nous est connue. Il y a par exemple l’existence d’Internet. Certains pays existent également comme les Etats-Unis. Vous avez bon nombre de points de repère qui permettent de vous raccrocher à notre propre réalité. Vous penserez forcément que Besźel et Ul Qoma pourraient bien voir le jour, sur Terre dans quelques années, issues de la folie des hommes politiques fanatiques.

Le caractère de vieux bulldog qui ne lâche rien, qui est donné à l’inspecteur Tyador Borlù le rend très attachant. Vous avez envie qu’il puisse mener à bien son enquête et pourtant, c’est si compliqué pour lui de pouvoir avancer face à toutes ces contraintes. Le voir s’agiter au milieu de véritables sables mouvants va vous donner envie de poursuivre votre lecture, encore et encore, jusqu’à la dernière ligne. Car vous êtes dans la même position que Tyador Borlù. Vous ne comprenez rien à ce qui se passe et vous voulez faire la lumière sur ce meurtre. Le fait de se retrouver baladé entre les deux villes, de ne pas bien connaître le système de communication et d’ignorance mis en place vous incite à la curiosité. Et cette envie d’éclaircissement sera satisfaite au fur et à mesure de votre lecture. Ainsi, la tension due à la frustration créée par le début du roman laissera peu à peu sa place à la satisfaction de mieux comprendre ce qui se passe. Mais restez toujours vigilant, car le système est complexe.

The City & The City est un merveille dont vous ne devez vous priver sous aucun prétexte.


Xavier