Avant toute chose : NE LISEZ PAS LE 4ème DE COUVERTURE de ce roman. En quelques lignes, vous apprenez tout ce qui se passe jusqu’à la page 309 du roman qui en compte 445 !

Edouard BRASEY, que vous connaissez déjà tous pour ses nombreux ouvrages de référence que nous avons chroniqués pour les éditions Le Pré Aux Clercs, vient de publier un très agréable roman, cette fois chez Calmann-lévy, dans la collection « France de toujours et d’aujourd’hui ».

Le principe de ce roman est de mélanger les légendes de Brocéliande avec l’Histoire. Edouard BRASEY a choisi la période de la seconde guerre mondiale, pour avoir quelques ressorts à sa trame narrative. Pour le théâtre des opérations, nous resterons sur une petite zone géographique, entre Concoret, Tréhorenteuc, le château de Compert et le Val sans Retour. C'est-à-dire sur les terres de Merlin et des Chevaliers de la Table Ronde.

Tout commence en 1914, avec des jeunes gens, qui, un soir, décident d’interroger la fontaine de Barenton sur leur avenir amoureux. Sera-t-il heureux ? C’est bien sûr ce qu’ils espèrent. Cependant, quelque jalousie bien gardée, un peu de mauvaise foi et une pincée de méchanceté vont en décider autrement. Et la soirée qui s’annonçait joyeuse va se transformer en malédiction.

Nous voila ensuite projetés en 1943, le 31 octobre (date ô combien symbolique). Nous allons faire la connaissance des lavandières de la ville de Concoret, toutes jeunes et pleines d’espoir. Mais également chipies, voire mauvaises langues et commères. Car dans la petite ville, il n’y a pas beaucoup de distraction. Une vie toute tracée, au pied du Château de la famille de Montfort où vit le beau Philippe, héritier du Baron. Visiblement certaines lavandières aiment sa compagnie. Et aimeraient se faire épouser. Mais comment oser rêver d’une telle situation : un noble avec une lavandière. Au milieu des jacasseries, la doyenne Dahud veille à ce que le travail soit exécuté avec célérité et efficacité. Menaçant toujours les jeunes filles de la terrible rencontre des Lavandières de la Nuit. Ces spectres qui reviennent laver les draps qu’elles ont souillé du sang de leurs avortements, qui vous attrapent et vous noient lorsque vous traînez près du gué à la nuit tombée.

Mais les jeunes lavandières sont trop heureuses de croquer la vie à pleine dent. Il faut pourtant se méfier, car les légendes peuvent devenir réalité ou servir d’alibi pour quelques esprits dérangés.

A cette communauté de lavandières, il convient d’ajouter, un jeune homme bossu, souffre douleur du village, un vieil ermite, un commandant allemand passionné de jolies plantes, un abbé aux idées progressistes, des résistants bien cachés et une famille de noble sur le déclin.

Tous les éléments sont alors en place pour que le meilleur comme le pire puisse se produire. Il suffit parfois d’un tout petit rien pour que le plus grand des bonheurs se transforme en tragédie. Ou qu’au contraire un terrible malheur soit évité.

Si Edouard BRASEY s’est inspiré de quelques personnages historiques, il a transformé certains événements pour créer ce roman. Vous saurez tout dans les quelques pages additionnelles à la fin du livre.
L’histoire coule toute seule. Vous pourrez vous laisser entraîner par l’histoire, tranquillement, vous prenant de compassion pour certains personnages, en détestant d’autres, ou rester mitigé. Car Edouard BRASEY nous dépeint des protagonistes qui agissent souvent sans être au courant des conséquences de leurs actes. Il y a tellement de secrets bien gardés, que certaines maladresses ne peuvent qu’être pardonnées ou à tout le moins expliquées.

La clarté du style d’Edouard BRASEY vous bercera pendant votre lecture. Vous aurez l’impression de revenir en 1943 dans cette petite ville de Concoret. Vous serez dans l’intimité des familles. Vous connaîtrez leurs plus inavouables intentions, leurs mystères, leurs promesses, leurs jalousies. Et vous assisterez à leur descente aux enfers ou à leur salut. Rien n’est gagné d’avance. Car les fées, comme les hommes, peuvent se montrer perfides. Ne dit-on pas qu’il faut se méfier de l’eau qui dort ?

Les Lavandières de Brocéliande s’adresse aussi bien aux jeunes qu’aux anciens. Tous y trouveront leur compte, entre roman historique, histoire romancée, dure réalité et légende, Edouard BRASEY a trouvé la recette parfaite. Vous prendrez plaisir en lisant tranquillement ce livre.
Un petit conseil : si vous êtes déjà allé à Brocéliande, vous apprécierez encore plus ce roman, car les lieux décrits vous reviendront en mémoire. Alors si ce n’est pas déjà fait, organisez-vous un petit voyage dans cette partie magique de Bretagne.