A la veille du passage à l’an 2000, la sorcière qui hante tous les contes populaires de notre enfance se prépare à se débarrasser de l’ensemble des éléments entravant son irrémédiable ascension. Il semblerait que d’autres personnages fantastiques existent en ce monde et qu’ils menacent l’omnipotence de cette ténébreuse et puissante beauté. Hélas, fantastique ne signifie pas forcément doué de bonté, et parmi les êtres soi-disant imaginaires qui peuplent la Terre, la marâtre sans scrupule saura s’allier au plus maléfique. En outre, l’horrible femme a le don de prescience, ce qui lui permet de tout connaître des événements dramatiques du futur. Pas facile dans ces conditions de lui échapper, surtout lorsqu’elle peut tendre des pièges en reliant les événements et la vie des victimes qu’elle désire éliminer.

On apprend aussi que le duo démoniaque a été de la partie dans toutes les guerres, support et instigateur des dictatures et des attentats en tout genre. D’ailleurs dans le passé, ils étaient plus que deux et ils ont eu mis de grands espoirs sur des hommes aux actions intolérables.

Le seul pendant possible serait constitué par les bonnes fées du berceaux ou au moins ceux ou celles sur lesquels elles se sont penchées. Leurs gardiens aussi, ces personnages secondaires dont on fait peu de cas dans les contes mais dont le rôle se révèle primordial dans la lutte contre les forces du mal. En ce premier janvier, il est temps que tous se réveillent et viennent une fois de plus s’opposer à la sorcière. Mais dans ce monde moderne, qui est le mieux armé pour se battre ? Et qui remportera ce combat extraordinaire ?

Henri Courtade mélange savamment éléments historiques et fantaisistes pour revisiter de façon très contemporaine les contes de fées. Il s’appuie sur le fait détaillé dans sa préface qui décrit comment les textes de Grimm furent interdits de lecture suite à la chute de l’Allemagne Nazie. Les personnages et leurs histoires avaient alors pris une dimension telle qu’on leur prêtait le pouvoir d’influencer les masses. Pire, d’insuffler des pensées négatives au lecteur. Cette interdiction fut bien vite caduque, ce qui montre l’intérêt persistant de tous pour ce type de narration. Ainsi donc, les personnages fantastiques disposeraient du pouvoir de faire écho aux événements historiques ? Henri Courtade a donc poussé plus loin ce postulat en écrivant « Loup, y es-tu ? ».

L’histoire est émaillée de flash back parfaitement placés, et de réécritures moderne de certains contes. L’auteur fait référence à de multiples éléments historiques mais également à tout un panel d’œuvres, de personnages célèbres, d’actions… que je vous laisse le soin de découvrir au fil des pages. J’adore les titres détournés des chapitres, qui laissent planer une indéniable touche d’humour et allègent certaines tensions apparaissant à l’évocation des horreurs du IIIème Reich notamment.

« Loup, y es-tu ? » est un roman agréable à lire qui nous rappelle notre enfance mais où l’on oublie vitre notre innocence. Le style de l’auteur est fluide et permet au récit de progresser sans heurt. On apprécie cette énième revisite des contes de fées et ce parallèle pas si novateur avec des événements réels parce qu’il conserve une bonne originalité, très certainement de part ses nombreuses mises en abîme. Un roman très cinématographique qui nous présente les événements sous différents angles de vues tout à fait maîtrisés.

Attention ! Ne vous laissez pas berner : les séries populaires du type Grimm ou Once Upon A Time n’étaient pas à l’ordre du jour lors de la sortie grand format de cet ouvrage. Henri Courtade a bel et bien fait preuve d’originalité !