Temple a 15 ans. Cette jeune fille blonde n'a pas connu le monde d'avant. Celui où les limaces n'existaient pas. Est-ce la raison pour laquelle Temple est froide et si pragmatique?
Toujours est-il que Temple a su s'organiser pour survivre. Elle vit "tranquillement" dans son phare. Au moins comme ça les sacs à viande ne sont pas toutes les 5 minutes à gratter à sa porte, pour tenter de lui boulotter un morceau de doigt ou un bout de cerveau.
Cela dit, la tranquillité n'a plus sa place sur terre. Il y a toujours un zombie qui est "plus malin" (façon de parler) ou plus chanceux, qui finit par passer les barrières. Le résultat est alors sans appel: il faut partir. Car la menace est permanente. Face à celle-ci, il n'y a pas d'autre solution que de fuir. Rester dans même lieu serait synonyme de vouloir subir un véritable siège face à un essaim de morts-vivants. Très peu pour Temple. Elle préfère continuer à agir de la meilleure façon qu'elle connaisse et qui lui a permis de tenir le choc jusqu'à présent : reprendre la route.

C'est ce qu'elle doit faire une fois encore. Peut-être que cette fois le trajet se passera mieux. Qu'elle ne sera pas obligée de se battre trop souvent. Qui sait ?
Encore faudrait il être certain de connaitre tous ses ennemis. Car malgré la menace zombies, l'homme reste un loup pour l'homme. Heureusement Temple n'est pas une faible brebis égarée. Pour autant elle aurait certainement apprécié de ne pas devoir défendre sa peau si souvent. Une chance pour elle : son maniement de la machette est exemplaire.

Les faucheurs sont les anges est un road-book post apocalyptique qui fait froid dans le dos. Plus qu'un thriller, trash comme un film d'horreur, bien construit avec plusieurs rebondissements, le livre se dévore avec plaisir.
Le fait d'avoir une héroïne blonde de 15 ans aurait pu classer le roman dans la littérature jeunesse un peu niaise. 
Il n'en est rien. Au contraire vous avez intérêt à avoir l'estomac bien accroché, car les combats sont âpres, violents et sanglants. Vous pouvez lire sur le 4ème de couverture que ce roman s'inscrit entre La Route de Cormac McCarthy et Walking Dead. C'est tout à fait exact.

Le point du vue du narrateur est celui des protagonistes humains. La menace vient des zombies de manière générale, mais le récit est centré sur les hommes. Ce sont les relations qu'ils entretiennent ou qu'ils détruisent entre eux, qui font progresser l'histoire. Dans un sens plus ou moins sombre et dramatique, mais au moins il y a une avancée.
L'utilisation de ce système de risque multiples vous plonge au coeur de l'angoisse que peut ressentir Temple. Un seul faux pas, un moment d'inattention ou une mauvaise rencontre et son destin pourrait connaitre un arrêt brutal. Rien n'est éternel sur terre. Surtout avec des zombies aussi nombreux et des hommes qui n'ont toujours pas compris qu'ils ne pourront survivre que grâce à un minimum d'entraide.

Le style fluide et direct d'Alden Bell est sans concession. Chaque coup de poing fait mal. Chaque rencontre est source de stress. Chaque cicatrice rappelle les derniers faux pas. Les épreuves que va rencontrer Temple sont autant de souvenir que vous aurez en commun avec elle. Ce personnage est très vite attachant. De ce fait vous aurez tout de suite envie de savoir ce qui risque de lui arriver. Les pages vont défiler sous vos doigts, toujours avec ce sentiment étrange de plaisir mêlé avec de l'appréhension. Vous aimerez vous faire peur.

Les zombies sont toujours très à la mode. La sortie en format poche chez Folio sf de Les faucheurs sont les anges est une nouvelle occasion de profiter du phénomène avec un roman de très bonne qualité sur le sujet.