Le Baiser du rasoirAnnée de sortie : 2014

Auteur : POLANSKY Daniel
Editeur : Folio SF



Folio SF n°470
480 pages
Illustrateur : Elian Black’Mor
Traducteur : Patrick Marcel
Date de parution : 16 janvier 2014
ISBN : 9782070449231

Basse-fosse, quartier peu reluisant, se souvient des noires années où la peste sévissait. Ses habitants, meurtris et pétris de peur, rendent grâce à la magie qui les protège désormais repoussant les miasmes hors les murs au moyen d’un puissant bouclier. Prévost a connu le chaos. Et il s’en est sorti. Il a aussi quitté les rangs de la milice pour travailler en quelque sorte à son compte et asseoir son pouvoir sur basse-fosse en trafiquant et tenant en respect nobles aussi bien que bandits.
Las, le répit reste de courte durée. Au détour d’une rue, Prévost découvre bientôt le cadavre mutilé d’une petite fille disparue quelques jours auparavant. Trouver le coupable ne parait pas impossible dans un premier temps. Mais les événements vont salement s’enchaîner faisant sombrer Basse-fosse dans le dégoût et la terreur.

Si le titre possède une force suffisante pour donner envie de se pencher plus avant dans la lecture de ce roman, c’est sans conteste la splendide et terrifiante couverture d’Elian Black’Mor qui nous attire irrésistiblement. Son dessin ensorcelant sied en effet à merveille à ce polar de dark fantasy crasseux et sans concession.

Les personnages de Daniel Polansky se distinguent par leur ambivalence. Il n’existe personne de tout blanc ni de vraiment tout noir. Ils survivent dans un monde qui ne parvient pas à se régénérer. Ensevelis sous les drogues et les miasmes de la ville.
Les enfants pourraient apporter une lueur d’espoir. Au lieu de cela, ils disparaissent ou vivotent de larcins et de nuitées dans les caniveaux. Même les vrais couples ne semblent pas habilités à procréer et se contentent de s’apitoyer sur les enlèvements ou d’aider un orphelin en perdition.

Le style de l’auteur se passe également de concession. Apre et aiguisé, il n’hésite pas à passer les portes de la vulgarité au travers de la bouche de son cynique héros. On ne passe pas par quatre chemins avant d’arriver au but. Mais si Daniel Polansky ne s’embarrasse pas de descriptions à rallonge, il plante savamment un décor crédible malgré ses créatures, ses drogues aux ingrédients dignes du Petit Peuple et sa magie omniprésente (et bienveillante ?).

Actions, complots, retournements de situations, voilà ce que vous trouverez à foison dans le baiser du rasoir.
Il s’agit d’un premier roman brillant qui dégage une force noire. Nous avons beaucoup aimé suivre l’enquête avec Prévost et vous encourageons à suivre vous aussi ses traces dans les ruelles de Basse-Fosse.


Tiphaine