Créatures de l’Ombre Année de sortie : 2014

Auteur : LE FANU Joseph Sheridan
Editeur : Omnibus



Couverture avec rabats
Recueil de six chefs-d’œuvre fantastiques/928 pages
Préface et chronologie : Alain Pozzuoli
Avant-propos : Patrick Reumaux
Date de parution : 12/06/2014
ISBN : 978-2-258-10833-2

La collection Omnibus, connue pour la pertinence de ses compilations, publie cette fois les textes majeurs de l’auteur fantastique irlandais Joseph Sheridan Le Fanu.

Dans Créatures de l’ombre, on découvre d’abord, la passionnante (comme toujours) préface de Alain Pozzuoli qui met en perspective la vie de l’auteur avec l’écriture de ses textes. Il nous offre aussi une chronologie détaillée qui permet de mieux nous projeter dans l’œuvre de Le Fanu ainsi que l’analyse de ses contemporains sur l’auteur fantastique. On éprouve de la compassion pour cet homme qui a fait les études commandées par son père (normal cela dit à l’époque), qui a profondément souffert du décès prématuré de sa sœur aînée et confidente, puis de la mort de sa femme emportée par la folie et qu’il n’a pas su protéger.
Chaque écrit est remis dans son contexte par Alain Pozzuoli qui nous détaille les conditions de publication du texte (dans un recueil, en feuilleton… contexte historique et familial lors de l’écriture…).

Ensuite viennent ces petits bijoux de la littérature fantastique maintes fois cités ou remaniés par d’autres auteurs majeurs ou dans des films.
Et tout d’abord le long roman Oncle Silas qui occupe plus de la moitié du recueil. Ce récit presque plus policier que fantastique (si l’on ne tient pas compte des éléments gothiques du décor et de certains personnages carrément horribles) se construit sur l’emprisonnement (mariage forcé etc.) d’une jeune femme, Maud, dont le vieil oncle malsain cherche à voler l’héritage. Outre les romanciers qui se sont appropriés cette œuvre majeure, on retrouve dans de nombreux longs métrages, notamment des gothiques italiens (La Vengeance de Lady Morgan…), ce thème de la jeune femme proie dont on veut saisir l’héritage. De nombreuses fois, la victime possède un lien de parenté plus ou moins étroit avec le bourreau. C’est donc le cas avec Oncle Silas où le personnage qui persécute possède des traits diaboliques à souhait.

Le reste du recueil se compose de nouvelles parues sous le titre générique Dans un miroir piqué, qui annonçait déjà une teneur gothique et fantastique de part la symbolique de cet objet.
Parmi ces nouvelles, toutes fort bien écrites, nous retenons évidemment le sensuel roman vampirique, parmi les premiers du genre, Carmilla.
Carmilla voit décliner une douce, fraîche et naïve jeune aristocrate anglaise, Laura, sous l’amour étouffant et mordeur de l’inconnue qu’elle a recueillie. Sulfureux et terrorisant à l’époque où il fut écrit, le petit roman (ou grosse nouvelle) profita d’un petit succès et inspira le chef d’œuvre de la littérature vampirique qu’est Dracula.

Le Fanu est un auteur majeur de la littérature fantastique. Lui qui échangeait avec EA Poe et qui a inspiré Conan Doyle ou Bram Stocker, bénéficiait aussi de chronique de Henry James. Cette très bonne compilation et sa préface éclairante méritent donc votre plus grande attention.


Tiphaine