Roman broché/460 pages
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par émilie Didier
Date de parution : août 2015
ISBN : 978-2-37056-029-2
De part son activité de chroniqueur littéraire, Adam Langer a côtoyé nombre d’écrivains contemporains. Il en a même accompagnés en vacances ou autre afin de parfaire ses articles. C’est donc naturellement qu’il se rend à une signature d’une « vieille » connaissance, l’écrivain Conner Joyce. Ce dernier a connu son heure de gloire grâce à des thrillers mais ce soir là, il ne fait guère recette. Abordé par Adam, il se montre très amical et finit par lui confier un secret. Il est désormais lié par un contrat aussi secret que lucratif. Un certain Dexter Dunford, lui a en effet passé une improbable commande : écrire un livre rien que pour lui, pour une somme astronomique, à la condition de n’en parler à personne et surtout pas à ses proches. Dex se montre particulièrement convaincant quand il fait la liste, preuves à l’appui, des écrivains qui se sont déjà pliés à ce jeu. Mais la créativité peut-elle se commander ? Et que se passe-t-il quand ce qui est écrit se passe dans le monde réel ?
Le contrat Salinger se construit suivant une structure en abime passionnante. Adam Langer s’y met en scène en tant que narrateur principal qui écrit sur des écrivains qui écrivent et tout s’emboîte finalement et se fait perpétuellement écho. En outre, on y parle de la littérature américaine contemporaine, de ses tendances, de ses grands auteurs et des rouages des maisons d’éditions. Tantôt critique (âpreté du marché, bit-lit…), tantôt moqueur (réaction pathétique des auteurs qui prennent la grosse tête ou font des caprices), Adam Langer sait aussi rendre hommage à certains des écrivains qu’ils considèrent comme ses maîtres (Harper Lee et Salinger notamment).
Le thriller tient la route et nous intrigue tout le long du roman même si l’on voit venir certaines choses. Le style est vraiment fluide et plaisant, il permet d’avancer très facilement dans la lecture. Mais ce qui marque surtout, ce sont ces incessants allers-retours entre le monde réel et le fantasmes des différents écrivains protagonistes du livre. Adam Langer s’amuse à perdre le lecteur, le noyant facétieusement dans une brume entretenue où l’on distingue difficilement le vrai du faux.
Le Contrat Salinger est encore une fois un livre original, érudit et surtout fort ludique que nous proposent les éditions Super 8. Bravo !
Tiphaine |