Jo Nesbø est un auteur scandinave très en vogue désormais. Et il y a de quoi quand on a le plaisir de suivre ses polars. Car c'est toujours un frisson prolongé qui vous accompagne.

Cette fois vous ne serez pas tout à fait seul.
Le fils a été adapté en livre audio. Ce qui vous permet d'emmener votre roman préféré dans votre poche, de continuer l'enquête en marchant, en roulant ou encore si vous êtes mal voyant.
Un petit reproche au lecteur, Frédéric Dimnet : il n'y a pas assez de variations dans son intonation de voix à mon goût.
Sa lecture même si il y met le ton, n’est pas très vivante. Sans aller jusqu'à donner une voix à chaque personnage comme un acteur ou un doubleur de cinéma, d'avantage de contraste aurait été un plus, sans conteste.

Cela dit le texte est toujours là. Le style de Jo Nesbø est imparable.
Déjà l’idée, bien sombre et désagréable : un garçon est incarcéré depuis la fin de son adolescence pour meurtre. Il est héroïnomane. Complètement scotché à longueur de journées. Déconnecté de la réalité, il sert de confesseur aux détenus de la prison de Staten. Après tout, on peut tout dire à un junky. Il ne doit pas tout capter lorsqu'il plane, il fera peut être une overdose demain. Et qui pourrait croire la parole d'un meurtrier qui se défonce aussi régulièrement.

C'est d'ailleurs étrange de pouvoir se fournir avec une telle facilité.
L'explication est simple. Sonny Lofthus s'est accusé de crimes qu'il n'a pas commis.
Son but : détruire sa vie lentement, consciencieusement, en prison, à chaque injection.

Pour quelle raison ?
Son père, un policier, s'est suicidé et a laissé des aveux selon lesquels il était corrompu. L'univers de Sonny a explosé avec cette révélation.
Mais voilà, Sonny vient d'apprendre de la bouche d'un détenu, que son père a été tué ! Qu'il n'était pas une taupe! Que c'est un coup monté !
Sonny va alors réagir d'une façon inattendue. Au lieu de se laisser aller dans une dépression encore plus profonde, il va partir en croisade pour venger la mort de son père.
Cela va mettre toute la police et la mafia sur le pied de guerre.
La police, car un meurtrier en liberté, ce n'est pas une bonne publicité.
La mafia, car avoir un pseudo meurtrier qui n'a plus rien à perdre sur le dos n'est pas bon pour les affaires.
C'est Simon Kefas, un ami du père de Sonny, qui va se charger de l'enquête, même si au départ il ne connaît pas l'identité du garçon.

Tout le monde a quelque chose à prouver ou à cacher dans ce polar. Que ce soit Simon Kefas, ancien accro aux jeux, qui recherche de l'argent pour une opération chirurgicale au profit de sa femme. Carry Adèle, la jeune policier pleine d'ambition, qui ne veut pas que cela se sache. Le directeur adjoint de la prison de Staten qui garde Sonny en sachant qu'il est innocent...

Les pièces du puzzle géant sont posées par Jo Nesbø, en douceur, même lors d'un meurtre. Inutile d'en faire de trop. Le choc des mots et l'imagination du lecteur sont là pour faire le travail.
Jo Nesbø fait en sorte de garder cette atmosphère nonchalante, détachée. Cela vient de l'attitude et des paroles de Sonny pour l'essentielle. Il est presque la gentillesse incarnée, comme s'il pouvait tout pardonner. Mais il n'en est rien. Il est peut être là pour donner l'absolution, mais elle ne s'obtient que sur son lit de mort!

Jo Nesbø, nous fait aussi découvrir une partie de la vie scandinave, avec quelques descriptions de lieux caractéristiques, de certains mode de vie spécifiques.
Le fils est une véritable toile d'araignée solidement tissée. Aucune chance de vous échapper.
Le style de Jo Nesbø a sur vous le même effet que l'héroïne que s'envoie Sonny : vous êtes accro des les premiers pages.
Le jeu de dupe, très subtil, les pions qui avancent dans l'ombre, pour se retrouver sans le vouloir en pleine lumière…
Saurez vous miser sur le bon cheval pour attraper les gros poissons ?

Le fils est un polar envoûtant et déroutant.

Xavier