1910. Alors que l'Argentine se prépare à fêter son Centenaire, le jeune Alejandro Berg, journaliste engagé répond à une curieuse demande. Un couple l'appelle pour enquêter sur l'histoire de leur fille. Cette dernière vient en effet de réapparaître dans leur vie après avoir été enlevée il y a plus de vingt ans. Et son comportement s'avère pour le moins étrange.
Mais nous, lecteur, savons qu'il y a eu enlèvement et qu'elle n'était pas la seule victime. Car nous possédons le journal du coupable. Et en alternant les passages de l'enquête de Alejandro et les chapitres du journal, nous découvrons un thriller âpre, et passionnant qui nous donnera bien froid dans le dos.

Il est bien difficile de résumer ce monument littéraire sous peine de spoiler. Car tout est construit comme une sorte de puzzle et le moindre détail compte. D'ailleurs, on ne peut très vite plus quitter ce roman. Dès qu'on se prend au jeu et que l'on veut comprendre de quoi il s'agit réellement, on ne peut s'empêcher de tourner les pages et s'arrêter avant la fin devient quasi impossible ! L'alternance de très courts chapitres aux types de narrations (récit et épistolaire) fluidifiant encore plus notre lecture. Le sujet est passionnant, s'appuyant sur le passé peu glorieux (mais pas forcément médiatisé) de l'Argentine avec ses enlèvements et tortures massives. Mais il s'agit bien d'une histoire originale mêlant un récit horrifique avec une enquête à tiroir saisissante et diablement bien orchestrée tout au long du roman. Il illustre très bien la citation de Rabelais « science sans conscience n'est que ruine de l'âme ».
Si l'on peut voir venir la fin, elle n'en est pas moins très intelligente et finement amenée. Et tout le monde ne s'y attendra pas forcément.
L'auteur donne en outre une vision de l'Argentine de début de siècle très précise qui flirte avec le roman historique.

La noirceur des couleurs est un excellent thriller. Parfait de bout en bout avec un titre extrêmement bien trouvé qui prend toute sa signification à mesure que l'histoire progresse. La couverture colle aussi admirablement bien au roman avec ce côté mystérieux, et limite voyeuriste. Que se passera-t-il si l'on tourne cette clé ? Et si l'on ouvrait la « boîte de Pandore » en même temps que le livre ?
Cela fait longtemps que je n'avais pas été autant fascinée par un livre ; au point de ne pas le lâcher. Je le conseille sans réserve même si il vous faudra vous armer de courage pour affronter la vérité.

Tiphaine