Tortues à l’infini (Livre audio)Année de sortie : 2018

Auteur : GREEN John
Editeur : Gallimard Audio



Collection Ecoutez Lire de Gallimard
Lu par Elodie Huber
Contient 1 CD audio au format mp3.
Durée d'écoute : environ 6 h 30 mn
Traduit de l’anglais par Catherine Gibert
Date de parution : 18/01/2018
ISBN : 9782072770166

Comment vivre avec des pensées invasives ? C’est l’un des problèmes d’Aza Holmes (Holminette pour les intimes), cette adolescente qui a une vie sociale presque normale.
Elle a une meilleure amie, Daisy, qui écrit des fan-fictions dans l’univers de StarWars. Elle a des amis, notamment Michael. De bonnes notes au lycée, où sa mère est professeur de maths. Son avenir n’est pas tout tracé, mais comporte un ciel assez dégagé.
Elle est en bonne santé physique, ne fume pas, ne se drogue pas, n’est pas dépressive… presque une vie qui pourrait être dans la norme.
Mais il y a ces pensées invasives sur le risque de la maladie! Aza n’est pas hypocondriaque. Son problème, c’est LA peur de l’infection qui va détruire son corps.
Du coup son meilleur ami et son pire ennemi, c’est le gel antibactérien (qu’elle ingère parfois, en cas de crise aigue). Le problème de ces pensés invasives, c’est qu’elles sont omniprésentes. Au point de lui faire commettre des actes qui multiplient le risque infectieux, comme rouvrir la plaie de son doigt, dans le seul but de la nettoyer !

Aza vie avec sa mère, suite au décès de son père. Elle a aussi Harold, sa voiture. Des histoires de cœur, pas encore, mais çà ne saurait tarder…
Sa vie va prendre un nouveau tournant quand avec son amie Daisy, elles partiront à la quête de 100.000$.
Pour Daisy, qui doit travailler dans un restaurant pour arriver à joindre les 2 bouts, cette somme, c’est la garantie de pouvoir payer la fac, au moins en partie.
Pour toucher le pactole, il faudrait avoir une information à donner à la police, suite à la disparition de Russell Picket, un millionnaire recherché pour fraude fiscale, qui vient de prendre la poudre d’escampette.
Début de leur jeu de piste : Aza connaît l’aîné des fils de Picket, Davis.

L’aventure commence, elle va mener Aza et Daisy sur des terres inexplorées. Leur vie ne va pas être chamboulée, mais elles en sortiront transformées.
Cette tranche de vie, sur fond de culture geek est plaisante à découvrir.
Entre Aza qui s’y connaît en micro biote humain et en maladies infectieuses. Daisy qui écrit des histoires d’amour entre Rey et Chewbacca (ce qui entraîne un débat sur le fait que ce soit ou non une aventure zoophile) ou Davis qui adore les films de Space Opera et l’astronomie. Ou bien encore son petit frère, Noa Picket, qui ne fait que jouer aux jeux vidéos comme BattleFront.
Nous allons découvrir les interactions d’une groupe d’adolescents, bien propres sur eux, qui ont quelques problèmes existentiels : est ce que je peux sortir avec tel garçon ? Comment assurer mon avenir ? Comment faire face à la perte d’un parent ?

John Green nous offre une réflexion sur les peurs de Aza, qui pour certaines pourraient trouver un écho dans notre propre vie ou dans celle de nos proches.
Tout est source à la discussion, à l’introspection, à la remise en question, comme par exemple le passage sur les tortues infinies (qui donne son nom au livre) : vous en comprendrez le sens dans les derniers chapitres. Et sur ce point, vous pourrez réfléchir longtemps.
Le plus intéressant dans cette fausse enquête c’est que Daisy et Aza vont plus en apprendre d’avantage sans rien faire que lorsqu’elles tentent de jouer les Sherlock. Au final, c’est comme si la disparition de Picket leur avait permis de se trouver elles mêmes.
Une de découverte imprévue et en réalité indispensable. Se connaître soi-même pour mieux comprendre ce qui nous entoure.

Tortues à l’infini est un roman sur l’amitié, les relations parents-enfants, les illusions perdues, les peurs irrationnelles et les réussites personnelles.
Le texte est lu, dans cette version livre audio par Elodie Huber, qui donne ce qu’il faut d’intonation pour que la magie opère de bout en bout. Certes, le texte de John Green et la traduction de Catherine Gibert sont à saluer. Mais Elodie Huber a un style si particulier dans sa lecture qui rend chaque personnage reconnaissable sans l’ombre d’une hésitation. Elle met du rythme dans sa lecture, toujours à bon escient, pour avoir le ton juste. Ni trop peu, Ni trop. Cet équilibre fragile à l’image des personnages qui sont par instant sur le fil du rasoir.
Elle a une voix fraîche et assurée qui donne une nouvelle dimension, notamment à Aza, de la plus belle et agréable de façon.

Xavier