à la ligne. Feuillets d’usine (Livre audio)Année de sortie : 2019

Auteur : PONTHUS Jérôme
Editeur : Gallimard



Collection écoutez lire, Gallimard
Lu par Jacques Bonnaffé
Contient 1 CD audio au format mp3.
Durée d'écoute : environ 4 h
Date de parution : 28/11/2019
ISBN : 9782072867866

Ce texte est si criant de vérité qu'il donne l'air d'être surréaliste.
Le récit à la première personne fait que chaque mot est véritable coup de poing. J’ai peut-être sur réagi en tant que végétarien au texte qui raconte la vie d'un ouvrier dans une usine de traitement de crevettes, puis dans un abattoir.
Oui, il faut bien vivre, mais de là à s'infliger de telles souffrances ?

Ici, l 'Homme n'est qu'un élément de la chaîne de production. Le narrateur, ne trouve plus de travail dans son secteur d'activité initial. Il doit, pour assurer sa survie, passer par une agence d'intérim. Dans la région, pas trop de proposition, si ce n'est l'usine. Celle qui broie, qui cloisonne, qui enferme. Tout est réglé comme du papier à musique et les notes (ouvriers) doivent intervenir pile sur le temps qui leur est demandé. Ici, pas de place à l'improvisation. La créativité c'est source de problèmes (on se fait virer) ou d'accident.
Travailler dans le froid, à la chaîne, pour un salaire de misère. Voler la vie à des animaux pour assurer la sienne. Mais est ce une vie pour un homme que de finir casser, avec des douleurs partout, parfois une mutilation ? Pour ne même pas pouvoir se payer une semaine de vacances à 200 km de son habitation. Un travail alimentaire, dans l'agroalimentaire. Ici, l'éthique n'a pas sa place. Encore faudrait-il pouvoir avoir le loisir de prendre du recul sur la situation. Mais quand on se lève à pas d'heure, que l'on fait des heures supplémentaires et que l'on traîne en zone frigorifique à longueur de temps, le temps de pose n'est pas fait pour discuter philosophie. C'est ambiance café-clopes. Une petite bulle d'air artificielle, créée par la Direction, minutée, imposée, pour mieux repartir ensuite dans l'enfer de l'usine.
Les crevettes ou les carcasses de viande, quelle différence ? À chaque fois c'est la mort qui est omniprésente. Un vrai champ de bataille ou plus tôt un génocide, une exécution programmée par les tueurs.
Le narrateur intervient après, dans la ligne de production, mais c'est dur malgré tout. Alors il chante pour se donner du coeur à l'ouvrage. Et lorsque la feuille de la journée indique 666 animaux, son collègue métaleux apprécie, en festivalier du Hellfest qu'il est.
Comme le dit le narrateur, ce qui se passe dans les abattoirs est atroce. Il en profite pour conseiller de visionner le documentaire de Georges Franju, le Sang des Bêtes (1949), qui fait passer les vidéos de l'association L214 pour un dessin animé pour enfants.

Un texte dur et fort qui prend aux tripes de bout en bout.

Xavier