Anthologie/18 textes
Illustration : Alain BRION
Date de parution : 15 avril 2008
ISBN : 9782-7021-4009-3
Après de longs mois d’appel à textes et un certain temps de sélection et d’édition, Calmann-Levy nous propose l’anthologie « Dragons ». Dix-huit textes dédiés au majestueux et mythique animal/monstre de chair et de souffre. Tantôt vivants et menaçants, tantôt désossés, ces fantastiques reptiles sont tous bien différents. Chose appréciable, les anthologistes ont su privilégier divers influences et ne pas garder que des textes de fantaisie médiévale ou nordique.
D’emblée, on est saisi par la flamboyante couverture d’Alain BRION. La bête est impressionnante et très intimidante, mais l’on se risque néanmoins à ouvrir le recueil. On retrouve des illustrations à l’ancienne comme de vieilles gravures des romans à deux sous du XIXème siècle avant chaque prose.
Dès le premier texte « chanson pour Ouroboros », on se trouve face à une forme tout à fait appropriée au sujet pour un écrit plein d'humour. La SF est également au rendez-vous (« soldats de plombs »). Je regrette que le dragon soit plus synonyme de guerre et de chaos que de création mais, après tout, telle est sa nature. La fantaisie médiévale laisse la part belle à des créations fantastiques et de fantaisie dans des univers moins courants. On retrouve ainsi le dragon dans la seconde guerre mondiale avec Jérôme NOIREZ (d’un dragon à l’autre), une belle fable fantastique et intemporelle de Mélanie FAZI (dragon caché) et un intéressant parallèle avec les dieux fondateurs latino-américains, dont le fameux Quetzalcóatl orchestré par Charlotte BOUSQUET, une des grandes spécialistes des mythes fondateurs (La mort de Tlatecuhtli). La nouvelle de Thomas DAY, « la contrée du dragon », décrit un univers celtique et glauque assez intéressant et fort agréable à lire. François FIEROBE s’est aventuré sur la zoologie des dragons et nous livre sa version de leur histoire naturelle (tératologie des confins). J’ai beaucoup apprécié le dragon prisonnier du zoo de Berlin décrit par Fabrice Colin. « Archéologie d’un monstre », vraiment bien écrit, concis et plein de sous-entendus très évocateurs s’avère une des pièces maîtresses de ce recueil. Enfin, je tiens à signaler spécialement le « dragonneau anorexique » de Jean-Claude BOLOGNE, un délicieux morceau d’humour qui vaut bien plus qu’un détours.
Au final, une anthologie très variée qui vous fera voir le dragon sous bien des angles que vous n’aviez peut-être pas encore osé imaginer. Tiphaine |