La ligne éditoriale de Griffe d’encre est de proposer des textes entre réel et imaginaire. Jérôme Noirez excelle dans ce domaine. Vous vous en êtes déjà rendus compte dans les recueils Ouvre toi ! (2007) et Aube & Crépuscule (2008). Griffe d’encre a souhaité donner une plus grande place à cet auteur à travers ce recueil qui comprend 15 textes. Vous allez y retrouvez quelques écrits précédemment publié comme Shirley’s Doll (2004 – Pandémonium N°4), Maison Monstre (2005 – Khimaira n°4), L’Apocalypse selon Huxley (2007 – Ouvre toi ! – Griffe d’Encre), tous les autres sont inédits. En reprenant des textes écrits avec plusieurs années d’écart, vous découvrirez des histoires qui vous prendront plus ou moins aux tripes. Comme tout lecteur, j’ai mes préférences. Mais force est de constater que Jérôme Noirez a du style. Quel que soit l’angle d’attaque, il sait parfaitement partir d’un élément réel pour le faire basculer dans le fantastique. Ou inversement, vous raconter une histoire invraisemblable se déroulant dans un univers imaginaire et la rendre concrète et crédible.

Pour cela, Jérôme Noirez utilise tous les outils qui sont mis à sa disposition. Et c’est avec finesse et justesse qu’il vous prend par la main, innocemment pour vous emmener au bord du gouffre et vous y pousser avant que vous n’ayez eu le temps de prendre conscience du danger. Cette capacité à faire basculer le lecteur est vraiment un plaisir pour les amateurs du genre. Car Jérôme Noirez nous donne des indices tout au long du texte, et ceux-ci passent souvent inaperçus. Et lorsque la vérité éclate au grand jour, il est déjà trop tard pour faire demi-tour. Dans le même instant vous réalisez l’horreur de la situation et vous remettez en perspective tout ce que vous venez de lire, en comprenant que le piège a été très bien tendu. Malgré votre vigilance, vous êtes une nouvelle fois tombé dedans. Tant mieux, ma foi. Car vous prendrez votre pied en permanence.

Personnellement, les premiers textes ne m’ont pas transporté. Ils sont très bien présentés, mais je n’ai pas plus accroché que cela dessus. Mais à partir de « Nos Aïeuls », quelle claque. J’ai trouvé qu’il y avait une bonne montée en puissance dans ce recueil, qui se termine avec 3 textes regroupés dans une partie intitulée « Contes pour Enfants Mort-Nés » qui sont d’une violence presque insupportable.

Le style de Jerôme Noirez est aussi tranchant que le scalpel de Jack L’Eventreur. Rien ne vous sera épargné. Mais quoi de plus normal, la mort n’a jamais fait dans le détail. Lorsque l’on moissonne à la faux, il y a toujours des victimes innocentes.

Voici le résultat de l’autopsie de ce recueil :

« 7, Impasse des Mirages » : Vous suivrez un jeune garçon qui retourne dans son village après quelques années d’absence suite à une terrible catastrophe. Mais le pire est-il passé ?

« Bolex » : C’est incroyable ce que l’on peut voir lors de la projection d’un film.

« La ville somnambule » : La terrible rencontre de la folie, l’amour et l’automutilation.

« Kesu, le gouffre sourd » : Une mise à mort

« L’Apocalypse selon Huxley »: Le souvenir improbable d’une bande de copain qui abuse de substances psychotropes, qui sert aussi d’avertissement à ceux qui ont des relations sexuelles en voiture.

« Nos aïeuls » : La terrible rencontre de jeunes enfants malades avec leurs ascendants disparus.

« Berceuse pour Myriam » : Une chanson avec sa partition pour l’une des protagonistes de la nouvelle précédente.

« Feverish Train » : Le quotidien du contrôleur d’un train très spécial avec des passagers vraiment étranges, dans un monde hostile.

« Le Diapason des mots et des misères » : Une façon de communiquer entre deux êtres étroitement liés et pourtant si éloignés.

« La Grande Nécrose » : L’incroyable aventure d’un professeur de musique dans un monde rempli de cadavres.

« Maison Monstre » : Comment nettoyer une maison dans laquelle se déroulent des évènements surnaturels.

« Stati d’animo » : Le Futur doit-il mépriser le passé ?

« Shirley’s Doll »: Grâce à qui une poupée pourrait prendre vie ?

« L’Enfer des enfants pas sages » : De quoi rendre disciplinée n’importe quelle petite tête blonde, à moins que …

« La leçon de piano » : Il faut savoir souffrir pour faire des progrès.

Avec ce recueil vous savourerez le talent de conteur de Jérôme Noirez. Un auteur qui est reconnu de tous. En le lisant vous comprendrez pourquoi tous les éloges sont pleinement justifiés.

« Le Diapason des mots et des misères » vous est indispensable.