Il est moche, ridicule, pas vraiment sympa et a des pieds si atrophiés qu’il ne peut pas sortir de sa grotte. Et pourtant il a FAIM. Heureusement pour lui, le monstre poilu se montre patient. Alors quand un roi imprudent se présente non loin de lui, il l’attrape. Ce dernier tente bien de ruser pour s’échapper en promettant au monstre de lui apporter le premier enfant rencontré. Hélas, c’est sur sa fille qui fait l’école buissonnière qu’il tombe. La princesse effrontée se rend près du monstre et une vie de couple riche en aventures peut commencer…

Héros d’un classique de la littérature jeunesse, le monstre poilu fête aujourd’hui ses 35 ans. A cette occasion, les éditions Gallimard jeunesse ont rassemblé ses deux histoires (le monstre poilu ; le retour du monstre poilu) dans un seul ouvrage intitulé Les aventures du monstre poilu.
Ce conte comique n’a pas pris une ride. D’abord, grâce aux dessins typiques et décalés de Pef qui mettent en perspective l’horrible monstre mangeur d’homme. Le jeune lecteur peut jouir de sa peur tout en la mettant à distance en regardant les illustrations. Ensuite de part le texte lui-même qui commence comme un conte classique (un monstre sanguinaire et affreux vit au plus profond d’une forêt, il capture un roi imprudent…), puis se transforme en pièce de théâtre presque burlesque par l’insouciance de la princesse et ses jeux de mots incessants. Introduire des blagues dans ses contes, c’est la marque de fabrique de Henriette Bichonnier qui s’est bien amusée avec toutes ces rimes en « poils au… ». Forcément, cela ne peut que marcher auprès du jeune lectorat.
En plus ces deux histoires permettent un vrai travail d’apprentissage en prolongement de la lecture. On peut s’amuser à trouver de nouvelles rimes, de nouvelles situations de voyages, des animaux qui se transforment dans la vie comme la chenille qui devient papillon.

Et puis comment ne pas associer cette lecture à celle de La Belle et la bête puisque les deux histoires se rapprochent en bien des points ? A l’heure où une nouvelle version cinématographique du conte de Mme Leprince Beaumont fait un gros succès, et où des albums jeunesses retranscendent le conte (ex : http://lautremonde.radio.free.fr/index.php?p=4&s=16&id=2450 ) ?
Le retour du monstre poilu fonctionnant sur le principe de suite mais en présentant un conte inversé est bien intéressant également pour les lecteurs. Et clairement atypique ce qui ne manque pas de piquer l’intérêt.

Pour les adultes, en dehors des multiples qualités narratives de cette œuvre jeunesse, comment ne pas fondre devant les délicieuses illustrations de Pef ?

Un grand classique du conte moderne à mettre sous tous les yeux donc.

Tiphaine