Ce maudit troll a pris possession du seul pont praticable. Mais comment vont se débrouiller les trois boucs pour passer de l’autre côté ? La situation est urgente car il n’y a plus rien à manger sur la rive où se trouvent les frères caprins. Mais le troll lui aussi est affamé ! Il n’a pas l’intention de laisser facilement filer son repas ! Heureusement, un troll, ce n’est pas toujours malin. Et les lecteurs sont là pour crier « Voilà le troll » dès qu’ils l’aperçoivent et ainsi sauver la mise aux boucs. Les trois frères pourront-ils profiter de ces faiblesses pour se sortir de la mauvaise passe dans laquelle ils se trouvent ?

Sally Grindley et Peter Utton sont passés maîtres dans la création d’albums interactifs (avec volets) utilisant les codes des contes traditionnels en les modernisant juste ce qu’il faut. Ici un troll tient un pont et les « héros » doivent le traverser. Si cette situation est habituelle des contes, elle l’est aussi dans de nombreux jeux de rôles… Ici, le troll possède deux désavantages majeurs. Tout d’abord, les jeunes lecteurs sont sur sa piste et incités à le repérer puis à hurler quand ils le voient. Une situation très jouissive pour ces enfants. Ensuite, ce gros balourd n’est pas bien futé. Dès lors les idées des boucs leur permettront assez facilement de s’en sortir.

Comme toujours, on adore les illustrations de cette histoire. Et puis on aime aussi beaucoup découvrir ce qui se cache sous les rabats…
La narration fonctionne à merveille, faisant écho aux nombreux contes de passages de ponts possédés par des diables notamment (ex : le chat de Beaugency – où d’autres villes d’ailleurs) et aussi de ruses développées par les victimes potentielles d’un monstre. Le fait d’utiliser le personnage d’un troll permet aussi d’entrer un peu plus dans un folklore nordique, ce qui est bien intéressant pour la mise en réseau des lectures.

Un très sympathique album jeunesse qui peut sans aucun doute séduire également quelques grands enfants dont je fais partie…

Tiphaine