Japon fin du XIXème siècle.
Le jeune homme au foulard s’ennuie terriblement. Mais c’est un bon fils. Tous les jours, il s’acquitte des mêmes tâches pour finir par servir dans le restaurant de son père, situé dans la zone portuaire.
La nuit venue cependant, cet esthète épris de liberté sème la panique au sein de la haute société, dans la colline aux Palais. Il est le voleur d’estampes et il fait souffler parmi le petit peuple un vent d’espoir et de révolte.
Or, le gouverneur décide d’investir son Palais de campagne avec sa fille. Entendant parler du voleur, il promet la main de l’héritière au Général si celui-ci concrétise enfin l’arrestation.
La jeune femme se désole, se rebiffe et noie son ennui dans l’opium. Jusqu’au jour où le voleur force sa fenêtre et se retrouve nez à nez avec elle…

Ce très esthétique manga est sans doute le plus japonais des ouvrages français de ce type. Presque plus japonais que certaines œuvres nippones qui perdent leurs racines au profit des influences nord américaines ou européennes.
Ici, Camille Moulin-Dupré a voulu rendre hommage à l’art de l’estampe japonaise, avec ses ombrés délicats et ses traits économes mais fort parlants. Il en résulte une œuvre singulière, à part, avec juste ce qu’il faut de paroles et des personnages identifiés à l’ancienne par des étiquettes le long du dessin.
Les deux héros sont aussi différents qu’ils ont un caractère affirmé. Et pourtant les deux s’ennuient. Les deux espèrent un changement dont on ne peut qu’imaginer qu’ils en seront les artisans.
On vit comme un pan d’histoire japonaise, sublimé par ce graphisme si juste, si simple et pourtant omniprésent, envoûtant.

Extrêmement poétique, Le Voleur d’Estampes nous emmène dans une rêverie artistique à l’ancienne que nous aimerons retrouvons dans le second tome de ce diptyque très réussi.

Tiphaine


Lien vers notre interview de Camille MOULIN DUPRE : lien ici