Collection Seinen
Couverture souple/352pages couleurs et NB
Date de parution : 15 mars 2017
ISBN : 978-2-7234-9703-9
Les amateurs de science fiction connaissent depuis longtemps ce manga de Masamune Shirow. Cette œuvre cyberpunk des années 1989-1990 a déjà connue une adaptation en animation grâce à Mamoru Oshii en 1995. Une nouvelle adaptation est proposée cette année par Rupert Sanders avec Scarlett Johansson.
Avec ce premier tome, Glénat nous offre une version revue et corrigée par Masamune Shirow. C’est-à-dire un sens de lecture japonais, des onomatopées sous-titrées et des notes de l’auteur sur les marges.
Sur ce dernier point, Masamune Shirow conseille une première lecture, sans s’occuper des notes, car cela risque de casser le rythme de lecture. Dans ces notes, vous retrouverez des détails techniques ou des explications sur le choix du scénario. Il est vrai que si vous lisez tout, cela vous ralentira beaucoup. Masamune Shirow est très bavard dans ces commentaires, avec une interpellation régulière de lecture, sous forme de questions.
The Ghost in the Shell est un manga qui fait partie des classiques de la science fiction. Sa réflexion sur l’intelligence artificielle était bien en avance à l’époque. Maintenant que nous connaissons de plus en plus ce système, la question est encore plus actuelle.
Qu’est ce qui fait qu’une machine reste une machine ?
Et ce « ghost » qui est propre aux cyborgs (une partie humaine et une partie mécanique), de quoi s’agit-il ?
Surtout lorsque l’on sait que ce ghost constitue la personnalité du cyborg, mais qu’il peut se faire hacker au point de transformer une personnalité, de lui inventer une autre vie, un peu à la manière d’un hypnotisme. Le but ? Utiliser les personnes visées comme des pantins. C’est ce que s’amuse à faire ce grand cybercriminel qui se fait appeler « Le marionnettiste ». Totalement insaisissable, il met ses compétences au service du plus offrant.
Ceux qui le traquent sont nombreux. Notamment la section 9, un petit groupe d’intervention des plus efficaces, qui lutte contre la criminalité à haut niveau. Aucun état d’âme. L’élimination d’un homme politique ou d’un chef d’entreprise, cela ne leur fait pas peur. Ils n’ont pas d’existence officielle. Ils sont là pour assurer la sécurité de l’Etat. Lorsque l’on se frotte à de la corruption, de la Haute Trahison, il faut jouer serré et ne jamais rater son coup. Heureusement le responsable de la Section 9 a le bras long et ne se pose pas trop de questions. La seule chose qui le concerne, c’est la réussite de chaque mission, pour le bien de son pays. Sorte d’incorruptibles d’un nouveau temps, la Section 9 n’est pas là pour se faire des amis.
Avec toujours en trame de fond cette question du « ghost ». Au point de finir ce volume avec des graphiques très techniques. Nous n’en dirons pas plus pour ne rien vous dévoiler.
Nous nous retrouvons au cœur de l’action à chaque fois. Communication et actions sont les points forts de l’équipe. Rien n’est laissé au hasard. Et lorsqu’ils tombent sur un os, ils réagissent instantanément. Ce qui n’empêche pas les drames. Car en face, ça ne rigole pas non plus.
Masamune Shirow a construit un scénario qui vous emmène à 100 à l’heure sur différents théâtres d’intervention. Vous comprendrez au fur et à mesure quel lien existe entre les différentes affaires.
Il est vrai que bien d’autres choses auraient pu avoir lieu. Dans ses notes, Masamune Shirow nous pose des questions sur ses choix scénaristiques ou les justifie, comme si nous pouvions lui faire la moindre remarque…
Mais l’histoire est déjà si dense, pourquoi en rajouter ?
Certains pourraient reprocher le choix de Masamune Shirow d’avoir une réflexion philosophique (pour ne pas dire ésotérique ou mystique ou religieuse). Mais c’est aussi l’intérêt de The Ghost In The Shell. Ce n’est pas qu’une simple histoire avec des cyborgs et des robots. Il y a une pensée derrière tout cela. Une construction qui pousse à la réflexion, à la prise de recul. C’est une lecture active qui vous est demandée avec ce manga hors norme.
Le travail graphique de Masamue Shirow est aussi à relever. L’auteur fait attention à chaque détail : la forme des armures, des armes, des véhicules… Il faut que tout soit réaliste, plausible, pour devenir plus concret.
Les détails sont toujours bien présents. Les décors bien nets et élaborés. Avec de somptueuses architectures sur quelques pages. Le temps passé par Masume Shirow a dû être considérable pour arriver à un tel résultat. Surtout lorsque l’on sait qu’il a travaillé « en traditionnel ». A l’époque, il ne fallait pas compter sur l’ordinateur. Cela remet de perspective beaucoup de choses.
Le résultat est magistral. The Ghost In The Shell était déjà au Hall of Fame des manga de SF, cette nouvelle édition ne fait qu’augmenter son aura.