Ikigami, préavis de mort, tome 1Année de sortie : 2009

Auteur : MASE Motorô
Editeur : Asuka



224 pages : Noir & blanc

Date de parution : 29 Janvier 2009

ISBN : 978-2-84965-537-5

« IKAGAMI, préavis de mort » est une terrible histoire. Cette nouvelle série éditée chez Asuka vous emmène dans un Japon contemporain où une loi dite « pour la sauvegarde de la prospérité nationale » a pour objectif de faire comprendre à toute la population la valeur de la vie. Il s’agit d’injecter, en même temps qu’un vaccin, une nano-capsule à 0.1% de la population. Celle-ci va exploser lorsque la personne aura entre 18 et 24 ans. Le bon côté des choses, s’il l’on peut dire, c’est que le taux de délinquance et de suicide a diminué et que l’économie s’en porte mieux. Le mauvais côté, c’est que les nano capsules explosent quelle que soit la vie que vous menez. Que vous soyez un citoyen modèle ne change rien à l’application de la loi.

Pour permettre aux personnes qui vont mourir de « vivre pleinement » leurs dernières 24h, elles sont prévenues par des fonctionnaires. Ces derniers reçoivent un dossier reprenant toute la vie de la personne qui doit mourir. C’est le travail de Fujimoto. Nous allons accompagner ce dernier dans deux de ses missions. La première nous montre les travers du système, car Yosuke Kamoi va devenir complètement fou. Ayant été le souffre douleur d’un groupe de lycéens, quatre ans auparavant, il décide de se venger. Partant du principe qu’il n’a plus rien à perdre, il décide de briser la vie de ceux qui l’ont humilié quatre ans auparavant.

La deuxième personne qui recevra un ikigami réagira différemment : elle essaiera de se racheter pour un choix qu’elle a fait, qui a brisé une amitié.

Ce thriller d’anticipation sociale fait vraiment froid dans le dos. Penser que l’on puisse supprimer aussi facilement un habitant d’un pays, sans que personne ne réagisse. Sous prétexte d’avantage économique pour la collectivité, l’individu n’a plus aucune importance. Et si certains ont le malheur se de rebeller face à cette loi les sanctions sont terribles.

Comment peut-on laisser mourir une personne dans ces conditions ? Comment peut-on être l’employé de l’état civil qui délivre les ikigamis comme on apporte le journal et repartir en ayant la conscience tranquille ? D’autant que la société décrite ne semble pas être une dictature, mais une démocratie.

Et surtout, comment réagir lorsque quelqu’un vient vous apprendre que les prochaines 24 heures sont les dernières de votre existence ?

Ce manga ne manquera pas de faire parler de lui, car il aborde un sujet très controversé.

La discussion sera d’autant plus vive que le dessin de Motorô Mase est très sombre et réaliste. Même pour les scènes les plus dures, il arrive à avoir un angle qui dédramatise la situation ou en tout cas, la rend plus supportable (p. 68). Ce n’est qu’après coup que vous allez vous rendre compte de l’intensité de l’histoire que vous venez de lire.

Il est rare qu’un manga puisse procurer des sensations aussi fortes.

Réservé à un public averti, Ikagami va vous remuer les tripes comme jamais.

Xavier