Comme l’auteur le précise en fin de volume, on ne trouve aucune trace d’une quelconque Alice dans ce premier volet de « Black Rose Alice ». Il faudra donc nous contenter des roses noires et autres iconographies gothiques. Ce manga, vraiment original, possède une force rare. Classé shojô de part les côtés romantiques développés dans le récit, il s’avère résolument vampirique. Revisitant de façon fort intéressante le mythe des suceurs de sang, S. Mizushiro fait tomber les clichés et évite soigneusement les canines surdimensionnées et les chauves-souris. Au lieu de cela, ses vampires sont des sortes de plantes anthropomorphes qui puisent leur énergie dans le sang de cadavres, pompé par des insectes ou plus souvent des araignées. Chaque vampire se reconnaît par la rose noire imprimée dans son cou et seule la procréation peut entraîner sa mort.

Dans ce premier volume, nous naviguons entre le Vienne Art Nouveau du début du XXème siècle et le Tokyo actuel. Les trois quarts de l’aventure – les racines de l’histoire- se déroulant dans le passé avec ses fiacres, ses hauts de formes et les décors somptueux des salons de musique de la capitale autrichienne. On y rencontre Dimitri, un chanteur virtuose dont la voix aigue fait tourner la tête des femmes. Ce jeune rom, recueilli par un marquis, s’est lié d’amitié avec le fils de celui-ci, Théodore. Un mariage de raison est programmé depuis de longues années pour le jeune héritier. Hélas, Dimitri est fou amoureux de la promise, Agnieszka. Lorsqu’un accident mortel survient, le chanteur s’en relève sans une égratignure mais avec un comportement étrange. Les morts mystérieuses et violentes se multiplient alors autour de lui. Dans le chaos de sa vie, il reste attaché irrémédiablement à celle avec qui il désire plus que tout sceller son destin.

Un récit et un dessin réellement maîtrisés pour une œuvre forte et prenante. Cette nouvelle vision des vampires, vraiment très pertinente et novatrice, ne pourra pas vous laisser insensible. Un excellent début d’aventure avec tous les ingrédients du succès et toute la saveur de l’originalité.

Notons également le bel effort de publication d'Asuka avec une double jaquette recto/verso franchement réussie.