Claudine a réalisé son rêve : rencontrer l’auteur de best sellers Bernard Chalenton. Il lui a même dédicacé un livre « Monsieur Blanche » où il lui prédit la naissance d’un enfant qui sera un grand écrivain. Depuis la vie de la jeune femme a basculé. Et quand nous la retrouvons, une vingtaine d’années plus tard, elle ne reconnaît pas sa fille qu’elle n’a pas élevée. Seul la lecture du fameux ouvrage les rapproche. Et aussi la demande que Claudine fait à sa fille d’écrire. Parallèlement, on n’entend plus guère parler de Bernard Chalenton qui vit dans une magnifique propriété boisée où les cerfs s’ébattent au fil des saisons.

On assiste dans ce très long album de 80 pages (pour notre plus grand plaisir) à une montée en puissance des frustrations des personnages et de l’intrigue qui suivent les étapes clefs de la vie du cerf. De la naissance, à l’insouciante jeunesse, au brame avec défi contre les plus jeunes et enfin le combat, et son issue favorable ou non selon la force des adversaires en présence.

Les dessins naturalistes de Servais sont toujours aussi réalistes que splendides. De même que la représentation sensuelle qu’il fait de ses héroïnes. Toutes très proches physiquement, elles irradient les albums et ne peuvent qu’amener les personnages masculins à leur perte en les phagocytant.
Ici, il est assez sidérant de pouvoir faire un parallèle entre les comportements humains et ceux des cervidés. Mais la narration fonctionne à merveille. Le parallèle avec le côté si naturel du cerf renforce la perversion ou la force de caractère des personnages.

Le Dernier brame est à la fois un très bel album et une histoire singulière, passionnante et très prenante où l’on voit où mènent les travers de la célébrité littéraire.