Camargue Rouge relate un saisissant souvenir, presque oublié, à part peut être aux Saintes Maries de la Mer. Un choc des cultures qui aboutit à un mélange et à un échange qui fut forcément d’une richesse intense.
Ainsi, au début du XXème siècle, la troupe de Wild West Show de Buffalo Bill faisait une tournée en Europe quand son navire se retrouva coincé à Marseille. Un riche propriétaire de manade invita alors la troupe à se produire chez lui et à partager le quotidien des guardians.
Ce fut l’occasion pour les indiens et les gitans d’échanger sur leurs cultures et de partager leurs visions pas si éloignées.

Camargue Rouge propose donc un très joli voyage initiatique où les rites des lakotas se mêlent aux festivités gitanes célébrant les trois Marie(s).
Le scénario parle de la relation de l’homme avec la Nature. On y découvre l’organisation du spectacle de Bill Cody et aussi une histoire d’amour symbolique entre un camarguais et une indienne. On évoque les persécutions des gitans et le massacre de Wounded Knee. Tout cela auréolé par la spiritualité Lakota, les rituels et les visions de l’héroïne qui l’aident à mieux comprendre le monde.

Bien sûr, les dessins sont splendides. Qui d’autre que Michel Faure pouvait dessiner ces destriers sauvages venus de différents troupeaux mais tout autant épris de liberté ? Quand on connaît son travail sur les illustrations d’anciennes éditions de l’étalon noir (bibliothèque verte) ou sa très belle adaptation de Crin Blanc en BD, on ne peut que saluer encore une fois la justesse avec laquelle il rend les expressions des équidés. Mais Michel FAURE étant touche à tout, il maîtrise aussi ses personnages humains et surtout les détails de décors et de costumes. A cela s’ajoute un indéniable talent narratif.

Camargue rouge est un très bel album. Complet et passionnant. Il mérite de tenir une place de choix dans toute bonne bibliothèque.