Dans ce nouvel opus, l’auteur, d’origine africaine, explore une nouvelle fois les méandres de la sorcellerie du continent noir. Nous nous trouvons face à des planches dans les tons bruns/ocres qui évoquent fort pertinemment les villages de la brousse. La technique de dessin, peinte, donne une impression de réalisme qui confère à cette bande dessinée une dimension de carnet de route. Sommes-nous totalement dans la fiction ? Pas sûr ! Tantôt récit quasi anthropologique, tantôt terrifiante histoire de luttes de pouvoirs et de meurtre, ce deuxième tome de « Magie Noire » nous emmène loin des limites de l’acceptable et du rationnel. Groud G Gilbert, maître de son propos, nous fait découvrir toute la symbolique de cette branche de la sorcellerie. Nous apprenons le rôle des amulettes et comment l’esprit et le corps du sorcier peuvent se dissocier et être à deux endroits différents. Cependant, l’aspect le plus angoissant de cette pratique occulte reste bien ce qui est résumé en quatrième de couverture. A savoir : un sorcier ne peur acquérir de la puissance et une haute place dans la hiérarchie que s’il sacrifie des proches, de préférence des personnes ayant un niveau d’étude élevé ou une position sociale confortable. Au-delà de toutes les manipulations magiques, on entrevoit les luttes de pouvoir en cours au sein des villages et l’importance donnée à ceux qui quittent leur terre natale pour faire des études à l’université. C’est à ce moment que l’ethnologue qui sommeil en l’auteur refait surface et que nous découvrons une autre facette de l’Afrique. Un récit très intéressant et un rien angoissant.