Hors Collection Le Lombard
Album cartonné/160 pages NB
Date de parution : 2 octobre 2015
ISBN : 9782803636266
Clarke aime les défis. Il a su développer des personnages tant au dessin (Mélusine par exemple) qu’au scénario. C’est un auteur complet qui semble autant aimer l’humour que l’absurdité fantastique.
Aux éditions du Lombard, on lui doit déjà le très intéressant Nocturnes publié en 2012 dans la collection signé (Notre chronique : ici ).
Cette fois, Clarke nous propose une œuvre à part. A un format qui siérait bien à un carnet de croquis, on retrouve 25 nouvelles graphiques. Toutes en noir et blanc, toutes jouant avec les limites de la réalité, propulsant bien souvent le personnage de l’autre côté du miroir (parfois même au sens littéral du terme).
Quand l’auteur cite en préambule K. Dick, Winnicott et King, on se doute que notre perception du réel va être mise à rude épreuve. En tout cas, on se sent prêt à admettre qu’une femme vive seulement un jour sur deux ou qu’on assiste au décès d’un homme sur un tableau.
Car chacune de ces histoires bascule dans un fantastique plus ou moins ténue. Je ne révèlerai pas ici d’autres thématiques explorées car ces histoires sont courtes et en connaître la teneur au préalable gâche pour beaucoup le plaisir. J’ai d’ailleurs fait le choix de ne lire le quatrième de couverture qu’après avoir achevé cet ouvrage. Ce choix s’est avéré probant selon moi.
Côté graphique, Clarke explore des plans très percutants et parlants. La plupart des cases sont centrées sur ces personnages qui vivent (ou fantasment ?) des situations plutôt angoissantes. La couverture même et cet effet d’abîme, retranscrit parfaitement le sentiment éprouvé à la lecture de cette BD singulière. Cela fait bien écho à l’hommage à Escher d’un des récits (et probablement de l’ouvrage entier).
Le noir et blanc est formidablement bien utilisé. Non pas spécialement sur les ombrés, mais surtout sur les antagonismes entre fonds de cases et personnages. Tantôt noirs sur fonds blancs ou bien blancs sur fonds noirs, ces être torturés et remplis de questionnements intérieurs qui les phagocytent, ressortent avec une consistance étonnante.
Réalités obliques est une bande dessinée à part. Très intelligente et questionnante. Elle nous renvoie à nos propres interrogations en nous proposant aussi des situations parfois drôles dans leur absurdité.
C’est une très belle réussite et nous espérons que vous l’apprécierez à sa juste valeur.
Tiphaine |