1817, dans le Comté de Gloucestershire, Monsieur et Madame Worrall acceptent de recueillir quelques jours dans leur manoir une jeune femme aux mœurs exotiques et au langage incompréhensible le temps d’établir son identité. De fil en aiguille la confiance s’installe entre la maîtresse des lieux et celle qui prétend se nommer Caraboo. Mais un enquêteur zélé parvient à rencontrer plusieurs personnes qui affirment connaître la jeune femme. D’après ces témoins qui ne se connaissent pas, rien d’exotique mais une menteuse experte. Madame Worral refuse cependant l’évidence.

L’album Princesse Caraboo s’inspire de l’histoire vraie d’une mythomane anglaise du XIXème siècle. Abimée par les aléas de la vie, la jeune femme se forgea un nombre conséquent d’identités et de passés pour améliorer son quotidien.
Antoine Ozanam précise bien qu’il s’est librement approprié cette histoire afin d’en tirer une essence romanesque. Le choix narratif de l’enquête s’avère très intéressant pour découvrir ce personnage insolite. En effet, on découvre une illustre inconnue, parlant une langue non identifiable, pratiquant des gestes purificateurs et portant des vêtements qui n’appartiennent à aucune communauté. Difficile de penser qu’une telle supercherie peut tenir longtemps, et pourtant la jeune femme n’en démord pas même lorsqu’on la confronte avec ses connaissances passées. Grâce aux différents témoignages de ces anciens amis, Antoine Ozanam nous présente les différentes vies de Caraboo. Ces flashes back fonctionnant à merveille sans jamais casser le rythme du scénario.

Le dessin renforce le côté naïf de l’héroïne. Il incite le lecteur à trouver cette fille, probablement faible d’esprit, irrémédiablement innocente. Il faudra donc plusieurs témoignages pour que l’on accepte la vérité.

Princesse Caraboo met en scène un sympathique fait divers (ou en tout cas nous le fait apparaître comme tel). L’ensemble se veut poétique grâce à cette héroïne qui pourrait tout aussi bien venir de la lune tant elle possède d’étranges lubies comme celle de se hisser à la cime des arbres pour méditer.

Tiphaine