Il est évident que Clarke aime les challenges. Ses créations, en particulier celles en solo, en témoignent régulièrement. Avec Dilemma, il propose une uchronie qui va au-delà de la simple distorsion historique.
En effet, Dilemma, ce n’est pas un mais deux albums. Deux ouvrages qui racontent la même histoire mais avec une fin ouverte sur un choix. En fonction de l’un ou l’autre choix, la fin et les conséquences de l’Histoire sont différentes. Le lecteur aura donc dans ses mains une des fins alternatives. Il lui sera bien sûr possible de découvrir l’autre fin sur le site des éditions du Lombard (voir lien plus haut).
Pour les plus fans, le mieux restera de posséder les deux albums distincts.

Dilemma est donc une uchronie. Un postulat selon lequel les différents philosophes grecs ont prédit le futur en l’écrivant. Dans des rouleaux écrits, ils donnent donc les clefs de résolution des conflits et peuvent permettre à celui qui applique leurs conseils de gagner la guerre.
C’est pourquoi, quand un archéologue allemand découvre à la veille de la seconde guerre mondiale ces écrits enfouis, ils intéressent au plus au point le régime Nazi. Lui ne traduit que pour l’Histoire mais les nations n’y voient qu’une façon de dominer le monde.
Or, un homme seul face à un régime totalitaire se trouve confronté à des choix. Sauvera-t-il ses proches, lui, ou le monde ?

Le scénario de Clarke, finement ciselé, met en avant des questionnements philosophiques avec les ego des uns et des autres penseurs qui s’affrontent.
Dans d’autres chapitres, il se centre sur son héros. Un personnage forcément complexe, fidèle à sa patrie, l’Allemagne, mais opposé au régime qui s’y installe. Comment ne pas trahir son pays tout en luttant contre ses envahisseurs ? Comment lutter sans dommages collatéraux pour ceux qu’il aime ? Quel serait le choix final : défendre un idéal libertaire ou les personnes auxquelles on tient et qui ont jusque là eu la chance de s’en sortir contrairement à d’autres ?

A noter la publication des deux couvertures presque semblables mais inversées, avec un philosophe la tête en haut et un général nazi la tête en bas ou vice versa. Un beau travail d’édition fait par le Lombard pour cette aventure très prenante qui nous laisse quoiqu’il arrive devant un choix cornélien.

Tiphaine