Ange est un petit débrouillard, les idées plein la tête. Dans sa campagne Auvergnate du début du XXème siècle, ils entraînent un groupe d’amis pas plus vieux que lui dans un « emprunt » d’alambique pour créer une distillerie provisoire. Mais l’opération tourne mal et tout le matériel se trouve perdu. L’adolescent prend la faute sur lui. Pour aider ses parents à rembourser, il est envoyé à Paris chez son oncle. A peine arrivé, il rencontre les ennuis mais aussi le regard de la jeune Cléo, prostituée de son état ou, dans le langage de l’époque, « cocotte ». Elle n’est pas non plus insensible au jeune provincial et le protège contre les « apaches » qui l’agressent immédiatement. Des liens irrémédiables se tissent entre ces deux oiseaux perdus des pavés parisiens qui poursuivent néanmoins leur route chacun de leur côté.

A travers deux personnages fort et attachants, on découvre un Paris de début de vingtième siècle, ses machines à vapeurs, ses salons bouillonnants et ses rues bondées. Le scénario s’attache à la vie de ces deux héros en ajoutant des dialogues particulièrement travaillés. Ceux-ci reprenant la gouaille et l’argot de l’époque. Nous trouvons d’ailleurs un lexique plutôt fourni en fin d’ouvrage. La plupart des termes se comprennent d’eux-mêmes car ils sont imagés mais les précisions ne sont parfois pas du luxe.
Les ambiances de grisaille et la chaleur des salons feutrés sont particulièrement bien retranscrites. De même que les expressions des différents personnages. Si les cases ne sont pas hyper détaillées au niveau des décors, on se trouve vite plongé dans l’époque décrite avec le soutien de ce dessin réaliste.

Ce début de diptyque nous a charmés. Nous souhaitons une belle suite à ses deux héros débrouillards mais sans cesse challengés par le destin.

Tiphaine