Le cheval blanc de Géricault s’ennuie dans son tableau, sur son mur du Musée du Louvres. Pourtant, il n’est qu’une tête, très expressive, qui semble suivre le spectateur du regard. Lui se sent complet et prêt à parcourir le vaste monde. Un mardi matin pas comme les autres, il décide de profiter du jour de fermeture du musée pour s’en aller. S’ensuivent de multiples rencontres empreintes de sagesse avec les autres « stars » du Louvres. Des chevaux, mais aussi des chats, des constellations, des cavaliers… Notre rebelle blanc reste campé sur ses positions, obsédé par son évasion jusqu’à ce qu’un déclic surprenant survienne.

Le Musée du Louvres coéditait déjà d’excellentes bande-dessinées pour adultes et adolescents avec les éditions Futuropolis. Avec Delcourt, ce sont cette fois les plus jeunes qui sont à l’honneur. Et l’on peut dire que la collection démarre de bien belle façon ! Il fallait oser s’attaquer à Géricault et surtout à un de ses chevaux ; et même il fallait faire preuve d’une belle audace pour jouer de cette manière avec les courbes gracieuses des équidés. Nombre d’illustrateurs auraient surement passé leur tour. Mais pas Olivier Supiot, qui imprime sa propre patte (jambe ?) aux différentes œuvres évoquées. Il donne aussi une belle personnalité tant graphique que de caractère au cheval blanc. Certes, il se transforme un peu plus dans ses déplacement en coursier arabe que ne l’a peint Géricault mais il sait garder ses caractéristiques premières en trouvant une vie propre à cet album.

Le cheval qui ne voulait plus être une œuvre d’art est une très belle bande-dessinée avec un scénario séduisant et une belle structure graphique. Elle met particulièrement bien en valeur les collections du Musée. Didactique sans plus, avec des petites touches d’humour, elle permet de faire profiter les lecteurs d’une visite thématique bien originale.

Un très joli cadeau pour cette fin d’année, publié en jeunesse mais qui devrait toucher les bédéphiles amateurs d’art, les amoureux des chevaux et les adeptes du fantastique. Une vraie réussite donc.

Tiphaine