Echappant de peu à la pendaison, River Bass se voit dans le même temps sauvé par le marshal et offrir le poste d’adjoint. Chose plus qu’inattendue pour un homme comme lui, à la peau noire ! Le Marshal lui demande d’infiltrer un violent gang d’esclaves affranchis. Sa femme donne un avis tranché et opposé à cette mission, affirmant qu’il est envoyé comme un chien parmi les loups, juste à cause de sa couleur. Mais River s’obstine et rencontre le chef de gang, Milord, un homme hautain, sans foi ni loi et… blanc.

Le diptyque Marshal Bass s’appuie sur le personnage réel de Bass Reeves, premier adjoint shérif noir américain. Il est d’ailleurs très intéressant de comparer le dessin du héros avec les photos d’époque car les traits des deux personnages sont très ressemblants.
Les illustrations sont particulièrement intenses, avec des visages burinés proches de la réalité plus que les figures lisses qu’on peut souvent rencontrer dans les BD western. Les plans s’avèrent vraiment très intéressants avec des angles de vues très variés. On aime voir l’action à travers les pieds d’une chaises ou depuis les sabots d’un cheval au galop. Notons une magistrale double page d’attaque de banque.

La narration est vraiment intéressante se focalisant à la fois sur le contexte de l’époque et sur le ressenti des personnages (le shérif, Bass, la femme de Bass…). L’antagonisme entre l’adjoint noir et le chef de gang d’anciens esclaves qui a la peau blanche et la tenue d’un propriétaire terrien est particulièrement saisissant. Les dialogues incisifs, nous touchent énormément. Point besoin de grands discours quand on prépare ses actions. L’économie des mots se justifie entièrement.

Très bon début de diptyque avec une vraie ambiance graphique et un récit fort bien maîtrisé. De l’action et de la réflexion, que demander de plus ?

Tiphaine