Ce deuxième tome de « Le Grand Mort » tient les promesses du premier. Les personnages continuent leurs traversées de temps et d’espaces en passant des contrées imaginaires luxuriantes à un monde réel de plus en plus maussade. Alors qu’Erwan se rend pour sa mission dans le crâne du Grand Mort, Pauline reste en arrière avec ses vomissements intempestifs et inexpliqués. Mais lorsqu’Erwan se réveille, son amie a disparu et lui se retrouve dans le réel avec une planète détériorée et une société mondiale en pleine crise (multiplication des maladies, taux de chômage démesuré, manque de matières premières…). Le temps a passé bien plus vite dans ce monde réel que dans la magnifique forêt où il se trouvait. Ici, Pauline a une enfant qui devrait être un bébé mais semble avoir trois ans et toutes deux restent introuvables. Si certains personnages rencontrés par Erwan sont authentiquement sincères, d’autres pourraient bien cacher des choses.


Une fois de plus, un scénario teinté de fantastique permet aux auteurs de tenir un propos alarmiste et un poil écologique. Par opposition au réel décrépi, les mondes imaginaires sont représentés avec une pure beauté sauvage et lumineuse, transcendés par des jeux de lumières allant jusqu’à des clairs obscurs. On sent une charte graphique proche d’un Loisel dessinateur même si celui-ci reste au scénario de cet album. Les femmes ont des hanches importantes et des visages ronds, les teintes vertes dominent le monde fantastique et les animaux de bâts extraordinaires, bleus et poilus en rappellent d’autres…


Le suspense monte maintenant en puissance puisque tout s’installait dans le précédant tome. On s’interroge sur le devenir de Pauline, sur les raisons de sa fuite et sur cette fameuse enfant aux origines mystérieuses. Nous quittons le monde imaginaire abruptement sur un événement quelque peu intrigant. Est-ce une trahison ? La mission a-t-elle été menée à bien ? Le Grand Mort protègera-t-il le monde réel de son aura bienveillante ? Autant de questions qui nous laissent sur notre faim. Un très bon album de fantaisie comme on en redemande constamment.