Faith veut qu'on continue de l'appeler Comtesse comme le faisait son papa lorsqu'elle était enfant et qu'elle trouvait refuge auprès des incarnations de son livre jeunesse, la biche et le Prince-chat, dans la forêt des lilas. Même adulte, elle n'a pas quitté son refuge onirique et ne veut surtout pas oublier ses amis fantastiques, ce qui aurait dû arriver à l'âge de la puberté environ.
Mais les gens se comportent bizarrement avec elle, la fuient ou la sur protègent. Pourtant son beau-frère médecin Anton, le mari de Verity, sa crâneuse de sœur aînée, ne cesse de lui dire qu'elle se porte à merveille, n'éprouve que des faiblesses passagères tout à fait normales. Jusqu'au jour où elle fait apparaître des fleurs de sang...

Dans la forêt des lilas est un album singulier sur le deuil, la maladie, la fin de vie. La jeune héroïne vit ses dernières semaines (et même toute sa vie) plongée dans les fantasmes de l'enfance. D'ailleurs, ce monde où elle se réfugie tient plusieurs fois plus du cauchemar que du rêve. Cette femme-enfant veut vivre et croit aux mensonges de son entourage qui ne lui dit pas qu'elle est condamnée. Elle se bat avec des armes émoussées par les faux semblants dans un combat perdu d'avance.
Il ressort de cet album une certaine nostalgie mais aussi une rage contre la fatalité puis finalement une angoisse de la maladie. Pour ma part, je ne suis pas ressortie indemne de sa lecture, à mi-chemin entre le rêve échappatoire et le couperet inexorable du destin.

Tiphaine