On ne sait plus bien comment mais les hommes ont déserté le Château. Les animaux en se sont alors organisés en une société productive mais inégalitaire. A leur tête, un tyran : le taureau Silvio. Les molosses lui servent de milice, aveugles et fidèles, jaloux et mordeurs. Et un coq joue les hérauts de mauvais augures. Tous les autres animaux doivent travailler et produire un maximum en l’échange d’une pitance toujours plus maigre distribuée par les dirigeants. Tout espoir semble perdu alors que la moindre mini résistance se solde par une exécution immédiate. Mais un rat itinérant va proposer un spectacle proposant une alternative pacifiste à la rébellion. Le rire pourra-t-il déjouer la tyrannie ?

Xavier Dorison propose ici une variante au monument littéraire de George Orwell « La ferme des animaux ». Il en prend le point de départ mais y ajoute une dimension pacifiste en prenant exemple sur les actions de personnalités historiques comme Gandhi ou Nelson Mandela. La violence n’engendre que la violence, gagner sa liberté peut se faire plus durablement en utilisant humour et bon sens. La recette fonctionne-t-elle réellement ? C’est en tout cas ce que vont expérimenter les animaux opprimés tout au long des quatre tomes prévus du « Château des animaux ».

Au niveau des illustrations, on se trouve « happé » dans l’album dès la magistrale couverture présentant le « président » Silvio sur son lit à baldaquins. Et cela donne le ton de la qualité époustouflante des cases. Les personnages sont magnifiques, représentés avec une justesse incroyable, tant au niveau de leurs expressions animales propres, que de leurs sentiments « anthropomorphisés » que de la souffrance éprouvée, morale tout autant que physique. C’est tout simplement superbe !

Un excellent premier tome pour une fable grinçante et toujours si actuelle. Un grand bravo à Xavier Dorison et Félix Delep pour ce tour de force.

Tiphaine