Lino Ventura n’a jamais voulu devenir acteur. C’est le cinéma qui l’a choisi alors qu’il était catcheur professionnel. Dès son tout premier essai, il a capté la caméra comme personne, faisant l’économie des gestes parasites et des pauses inutiles. Leur préférant la lenteur calculée et l’art de la décomposition de ses mouvements.

Il a également su se montrer, exigeant, voire parfois intransigeant. De son premier cachet – exorbitant pour un débutant – à ses nombreux refus de scènes, de films… Ainsi, il est passé à côté de plusieurs succès pour lesquels d’autres sont connus. Mais est-ce l’important ? Non car Lino Ventura est resté fidèle à ses valeurs et à ses convictions. Il est d’ailleurs aussi connu pour son combat en faveur des personnes « différentes » à travers la création de l’association Perce-Neige, sensibilisé par le handicap de sa 3ème enfant.

Une grande partie de l’homme qu’il était se trouve dans cette biographie BD intimiste et rigoriste à l’image de son sujet. On y retrouve donc des touches de sa vie personnelle distillées dans l’album sous différentes formes, toujours avec délicatesse. Car l’important ici c’est sa relation au 7ème Art. Mais évidemment pour mieux l’appréhender, il faut comprendre la personnalité de Lino.

J’aime beaucoup les transpositions dans des scènes qu’il n’a jamais tournées, où il remplace Philippe Noiret ou Pierre Richard. C’est saisissant de voir les films refusés, de reconnaître les passages cultes et d’y trouver cet immense acteur qui ne s’y est jamais trouvé. Bel effet graphique et scénaristique de ce roman graphique, vraiment.

Tiphaine