Depuis des années, le maire de la ville demeure inchangé. Marcel Clément a d’ailleurs bien l’intention de se représenter et prépare déjà activement sa campagne lorsqu’un événement singulier se déroule. Au cours d’une conférence, un essaim d’abeilles himalayennes (réputées agressives et relativement dangereuses tout en étant de très bonnes productrices de miel) comportant une reine fécondée est dérobé. Or, tout le monde sait que le maire sortant possède de nombreuses ruches et que ses filles, surtout l’étrange aînée Aude, se passionnent pour les abeilles. A ce moment, un arriviste aux dents longues, le propriétaire de la grosse usine du pays, Raymackers, décide de se présenter aux élections. Quand le jeune amoureux de Diane, la cadette Clément, meure tué par des abeilles, il n’en faut pas plus pour attirer la haine des habitants sur l’ancien maire. Mais tout n’est pas si simple…

Paru à l’origine en 1992, La petite reine est ici republiée par les éditions Dupuis dans la collection des intégrales de Servais en noir et blanc. On perd sans doute un peu de la couleur chaude qui allait avec la thématique apicole, mais le dessin de Servais est traditionnellement si détaillé que l’on apprécie vraiment cette publication dépouillée de coloration.
L’histoire, écologique et dénonciatrice des luttes de pouvoirs sous fond de polar et, dans une moindre mesure de romance, n’a pas vraiment pris une ride. On aperçoit à plusieurs reprises que le cinéma joue le Batman de Tim Burton, ce qui nous ravit comme repère chronologique ! Le parallèle entre les mœurs de abeilles et celles des humains est très efficace et Servais transforme le thriller en conte cruel comme il sait si bien faire.

Un très bon album, complet, et multi genres à (re)découvrir sans hésiter.

Tiphaine