Ys est une cité prospère et renommée pour ses magnifiques jardins et son architecture éblouissante, fruits de la magie de sa reine, Malgven. Celle-ci a jadis épousé Gradlon, qui l’avait libérée de son précédent époux, le tuant sur ses ordres, en échange de son amour et de sa magie. Hélas pour la cité d’Ys, sa souveraine s’est éteinte. Laissant son époux sombrer dans une sorte de folie inconstante et ses deux filles se séparer et s’opposer irrémédiablement. L’ainée et héritière, Rozenn, préférant communier avec la Nature que de régner et d’assumer ses fonctions protocolaires. La cadette, Dahut, profitant des festivités et mettant à mort ses amants princiers d’une nuit. La magie de Malgven s’estompe peu à peu et les murs d’Ys se craquellent laissant arriver des monstres marins jusqu’ici tenus éloignés.

La légende de la ville bretonne engloutie d’Ys est souvent revisitée. Les auteurs font donc preuve de talents renouvelés et d’originalité pour que leur version reste dans les mémoires. Ici, ils s’appuient sur l’opposition des deux sœurs héritières du royaume au niveau scénaristique et sur des illustrations au graphisme percutant. Les graphismes m’évoquent en effet les longs poèmes, les gestes moyenâgeuses. Quant à l’histoire, elle se fonde certes sur l’opposition de caractère des deux princesses qui amène peu à peu la cité à sombrer dans les eaux. Mais elle est aussi une puissante interprétation du deuil et de comment peuvent le vivre les proches (nous avons ici trois réactions radicalement différentes : celle des deux filles mais aussi celle du mari). Il est donc intéressant de mêler à la légende, une dimension humaine et sociale pas toujours aussi bien développées dans ce type de réinterprétations. Même si tout conte porte en lui un message.