Cette œuvre de science fiction fait partie des classiques. Vous utilisez (peut-être sans le savoir) un terme qui a été inventé par George Orwell dans son roman sorti en 1949, à savoir « Big Brother ». C’est dire l’influence qu’il a eu !

Celui qui surveille tout le monde, tout le temps, qui contrôle vos pensées, vous censure, réécrit l’histoire selon ses besoins pour que la version officielle soit toujours incontestable. Tel est Big Brother. Mais il ne se présente jamais ô grand jamais de cette façon. Et pour cause : Big Brother, est le leader suprême du parti qui a pris le pouvoir. Depuis quand ? Peu importe. C’est lui qui décide, c’est lui qui permet à la nation d’exister, de travailler, de survivre. Et en échange de cette « grande générosité », il faut bien quelques petites règles pour que l’harmonie règne en maître incontesté, n’est ce pas ? Une belle dictature, qui cache bien son nom et qui est acceptée par la majorité, qui acclame le dictateur incontesté.

Il y a bien quelques disparitions, mais personne n’en parle, sous peine d’être effacé à son tour. Et dans ce cas, le parti fait ça bien : on ne retrouvera plus aucun document administratif, article de presse (si vous étiez un peu connu) avec votre nom. Des employés du parti sont là pour y veiller. Bien compartimentée, l’administration veille à ce que tout se passe sans aucune contestation. Aucun moment d’intimité possible : les écrans sont partout, même chez vous, pour vous donner les dernières informations officielles, toujours à la gloire du système, pour abrutir les foules qui sont déjà on ne peut plus dociles. Et aussi pour vous surveiller, au passage. Il faut bien « prendre soin » de sa population après tout. C’est une question de santé (et de sécurité) publique.
Au milieu de cette organisation oppressante, le malheureux Winston Smith va commencer à ouvrir les yeux, aller jusqu’à la transgression de certaines règles, comme le fait d’entretenir une relation amoureuses avec Julia, se poser des questions, il va aller jusqu’à réfléchir ! C’est que certains sont morts pour moins que ça. D’ailleurs, la situation de Winston Smith n’est pas très enviable.

Dans cette dystopie, les protagonistes ne sont pas des personnes auxquelles vous aimeriez vous identifier. Les aider, bien évidemment, mais surtout pas vivre à leurs côtés.
C’est toute la force de l’œuvre de George Orwell, dont l’adaptation proposée par Jean-Christophe Derrien (scénario) et Rémi Torregrossa (dessin et couleurs) relance le sujet, qui est malheureusement toujours d’actualité. Des œuvres comme La servante écarlate de Margaret Atwood (1985) et depuis adapté en série tv, Matin Brun de Frank Pavloff (1998) ou la récente invasion du Capitole par des partisans de Donald Trump, suite à un discours passionné, laissent à penser que l’être humain est toujours aussi stupide au point d’accepter de suivre un homme politique et renier la démocratie, sans se poser de question, du moment que ses idées (aussi folles qu’elles soient) sont au pouvoir.

Cette bd de 120 pages vous permet de découvrir ce monde sombre. La majorité des planches sont en niveaux de gris. La couleur est utilisée avec beaucoup de sens, par Rémi Torregrossa, pour mettre en exergue les ruptures dans le système, les infractions commises… Une façon de souligner le propos et de rendre la vie quotidienne aussi fade que possible.
Imaginez un monde dans lequel le gouvernement décide de l’ensemble de votre vie, sans relations humaines, sans cultures, sans liberté… une sorte de vie en perpétuelle confinement/couvre-feu… où l’Histoire n’est qu’un mensonge...

Le principe de 1984 a toujours été de dénoncer et de faire ouvrir les yeux à l’humanité.
Cette nouvelle adaptation a les mêmes mérites que l’œuvre originelle. Ici, vous aurez la possibilité de retrouver les passages les plus marquants du roman, avec une mise en scène soignée et délicate.
De quoi vous donner envie d’aller plus loin et de lire le roman de George Orwell si vous ne l’avez pas déjà fait. Si vous connaissez déjà le texte, cette mise en image vous permettra de raviver vos souvenirs et de confronter votre visualisation personnelle avec celle proposée par Jean-Christophe Derrien et Rémi Torregrossa.

Xavier