C’est certain, les super héros européens ont disparu. S’ils faisaient encore partie du patrimoine littéraire feuilletonesque du début du XXème siècle, on ne les trouve plus dans la moindre ligne moderne. La série BD « la brigade chimérique » va les faire revivre le temps de six albums pour expliquer leur déclin, contemporain à la Seconde Guerre Mondiale.


En attendant, nous nous trouvons avec le prologue de l’histoire et son premier chapitre dans ce tome 1. Les personnages fictifs comme le Nyctalope, le docteur Mabuse, ou l’homme élastique y côtoient des figures historiques telles que Marie Curie, sa fille et son gendre. La première Guerre Mondiale a eu lieu mais déjà de nouvelles luttes de pouvoirs se lèvent. La croix gammée devient omniprésente et le docteur Mabuse cherche à dominer le monde.


Tout commence dès la page de garde, avec une présentation des principaux protagonistes de cette aventure. Vous apprendrez qui ils sont, de quel pays ils viennent et quels sont leurs alliances. Vous ne pouvez en aucun cas faire l’économie de sa lecture si vous souhaitez entrer rapidement dans le vif du sujet.


Dans ce premier tome, vous n’apprendrez pas grand-chose car les auteurs laissent volontairement planer les non-dits. Si le scénario élaboré par Serge Lehmann et Fabrice Colin vous semble quelque peu obscure, ne baissez pas les bras, les explications et l’action arrivent dès le deuxième volume. Néanmoins, le premier opus vous aidera à appréhender le fonctionnement de l’esprit parfois dérangé de certains et vous comprendrez qui semble être du bon côté (si il existe). Tous sont attachants, car ils semblent guidés par une force invisible, qui les poussent vers un destin qui les dépasse. Et, soyez en assurés : de nombreuses surprises vous attendent.


A la croisée entre la plus pure tradition des romans à trois sous du début de siècle et les comics américains et leurs super héros, « La brigade chimérique » est une sorte d’ovni dans le monde de la BD. Elle se montre graphiquement très élaboré avec une marque vraiment personnelle de GESS et des références aux iconographies des années 30, avec également de très belles reproductions de photos. Le récit rend quant à lui hommage aux œuvres majeures de la SF, à Fritz Lang, et se teinte en fin d’ouvrage d’une excellente pointe de surréalisme.