Œuvre graphique et scénaristique vraiment originale, l’Orage nous plonge dans un âpre univers de polar plus noir que noir. En format comics avec une couverture souple et un nombre de 96 pages, il développe une histoire où l’étrange vient constamment s’immiscer.

Une route. La nuit. Un accident entre deux voitures. Un homme laissé pour mort dans la forêt est recueilli et soigné par une femme et sa fille. Totalement amnésique l’invité, baptisé Ange à cause de la gourmette trouvée sur lui, s’intègre à part entière de la vie des deux femmes tandis que des flashs semblent prouver qu’il n’est pas du tout un « gentil ». On découvre en outre qu’il est doué d’un étrange pouvoir de guérison et on a tout comme lui du mal à faire le lien entre réel et imaginaire.

Le peu de dialogues et la force du dessin, tortueux et toujours en mouvement, rendent la narration très rythmée et on n’a pas le temps de s’ennuyer. Les nombreux rebondissements et les flashs mentaux de l’amnésique maintiennent nos sens en alerte pour une aventure qui prend parfois des allures de huis clos et parfois des allures de courses-poursuites.

Voici donc une véritable bande dessinée de « genre » aux allures très « lynchienne » tantôt irrémédiablement opaque tantôt prenante au point que l’on sente les gouttes de sueur nous couler le long de l’échine.

Véritable tour de force graphique, avec un trait nerveux et saccadé, cet album très visuel, quasi cinématographique, s’avère vraiment passionnant.

Il s’agit indéniablement, d’un des meilleurs moments de polar fantastique de cette année 2009. Du grand art !