Collection : Machination
Album cartonné/48 pages couleurs
Date de parution : 07/04/2010
ISBN : 978-2-7560-1892-8
On attendait avec impatience la fin du diptyque « la Madone de Pellini » et le moins que l’on puisse dire c’est que ce second tome frappe fort, très fort.
Tout commence avec sa splendide couverture, qui donne d’emblée le ton fantastique et un rien effrayant de ce chapitre. Cette jeune femme fantomatique dans sa robe ouvragée mêlant le roux passé de sa chevelure aux feuilles mortes virevoltantes dégage à la fois une force peu commune et une fragilité quasi palpable. Déroutant.
Nous entrons ensuite dans le vif du sujet. Nora, victime d’un enlèvement à la fin du premier tome, se trouve en fait à l’Orphelinat de Rosewood où elle s’appelle dorénavant Antonia (comme la personne qui l’a possédée lors de la séance de spiritisme qui lui a fait perdre ses esprits). Elle est victime de crises de plus en plus violentes, d’évanouissements, et semble perdre pied avec la réalité. Mais elle est loin d’être la seule, et l’on retrouve d’autres personnages dans le même cas, tous ressemblant aux protagonistes du tableau inachevé de Pellini. Un des enfants de l’Orphelinat trouve un livre de Henry James dans les affaires d’Antonia/Nora. Comme il s’inquiète pour elle, il se rend à Londres trouver le romancier et l’informer du lieu de détention de Nora. Pendant ce temps, les fantômes du passé rôdent dans l’orphelinat.
Les illustrations de ce deuxième tome me paraissent encore plus magistrales que sur l’opus précédent ! L’opposition entre le dessin patiné aux couleurs grisâtres du XIXème siècle avec les croquis inachevés façon Renaissance italienne au fond ocre ressort encore plus avec la conclusion de ce récit qui aurait bel et bien pu être l’œuvre de Henry James. La page au fond rouge représentant un assassinat nous saute aux yeux, magnifique. Les dessins sont d’une beauté saisissante avec un réalisme impressionnant au niveau des expressions des personnages. L’atmosphère fantastique ressort parfaitement et nous plonge dans une ambiance inquiétante. On entend presque les portes grincer, les feuilles craquer sous nos pas et l’on sent comme un souffle d’air surnaturel nous caresser l’échine lors de notre lecture.
La Madone de Pellini est une excellente BD fantastique, bel hommage à la littérature du XIXème siècle, avec un traitement graphique étonnant. Un récit complet en deux tomes qui vaut vraiment le détour !
Tiphaine |