Nouvelle série à concept publiée chez Dupuis, « Sorcières » sort tout droit de l’idée de Lucien Rollin. Elle se composera d’albums one shot exclusivement réalisés par des équipes féminines et dédiés à des femmes, sorcières de part leurs agissements dans la société où elles vivaient.



Le second tome de la série « Hypathie » est dédiée à une figure historique, Hypathie d’Alexandrie, une philosophe et mathématicienne grecque qui fut lapidée par des fanatiques chrétiens. Elle est ici présentée comme une femme d’une beauté et d’une intelligence sans égale. Dès le début, son père la met en garde contre la jalousie des hommes mais elle préfère cultiver son savoir et tenter de le diffuser auprès du plus grand nombre. Son destin tragique la fait parfois apparaître comme la première sorcière de l’histoire. La religion étant un des motifs du meurtre de même que la soif de pouvoir et la jalousie, il est aisé de rapprocher la dangerosité présumée d’une femme trop en avance sur son temps avec des pouvoirs de sorcellerie.



Le dessin de Cristelle Pécout, nerveux et précis, n’est pas sans rappeler les représentations orientales de Ferrandez. Il est particulièrement appréciable pour montrer les sentiments des différents protagonistes. J’ai par contre été un peu gênée dans ma lecture par le lettrage, nerveux lui aussi, qui me faisait parfois buter sur les mots.



« Hypathie » est une belle réussite qui correspond à mon sens plus au thème de « sorcières » que « Bianca ». On sent bien que la « transformation » de la femme de savoir en être maléfique se fait de façon perfide et insidieuse. C’est toute l’histoire de la sorcellerie qui prend ici son sens et voit peut-être son berceau. Un vrai beau récit.