Réalisateur : MARGHERITI Antonio
Distribution : Artus Films


Date de sortie en salle : 1961 /sortie DVD Artus films : mai 2014

Collection : SF Vintage
Durée : 93 minutes
Versions : français, italien
Sous titres : français
Format 1.85 original respecté
16/9ème compatible 4/3 Couleur
Avec : Claude Rains, Bill Carter, Umberto Orsini...
Les suppléments du DVD
-Margheriti et la SF italienne, par Alain Petit
-Diaporama d’affiches et photos
-Bandes-annonces de la collection SF Vintage

Ce film italien de science fiction des années 60 vaut le coup d’œil.
D’un part, le jeu des acteurs est à découvrir, surtout la prestation de Claude Rains en professeur misanthrope et cynique.
Ensuite pour le scénario, car si nous avons bel et bien un film de SF à voir avec La Planète des hommes perdus, ce sont les relations entre les personnages qui sont au premier plan. Ce traitement narratif n’est pas sans rappeler, ce qui est actuellement utilisé par Robert Kirkman pour Walking Dead (pour ne prendre qu’un exemple récent et très populaire, même s’il en existe beaucoup d’autres).
C'est-à-dire, que vous avez une véritable menace qui met en danger l’ensemble de la planète. Mais l’histoire se concentre sur un petit groupe de scientifiques aux compétences diverses. Et c’est ce qu’ils vont vivre ensemble pour tenter de percer les mystères de la météorites qui s’approche dangereusement de la planète bleue qui se retrouve au centre de l’action pendant plus de 90% du film. Avec en toile de fond cette mort imminente possible, qui sert de ressort narratif.

A chaque fois qu’il faut faire réagir un personnage, qu’il faut une nouvelle intervention du professeur Benson, la menace contre la terre évolue. Ce qui oblige tout le monde à faire de nouvelles observations, de nouveaux calculs, à discuter et à se lancer dans de nouvelles hypothèses. Ce qui aura des conséquences également sur les relations personnelles qui existent entre les protagonistes.

C’est un traitement très intelligent. Vous avez des progressions qui se font de façon logique. La connaissance de la menace s’améliore au fur et à mesure des expériences et des découvertes. Pas à pas, tout le monde va comprendre la nature de cette météorite et ce qu’elle renferme.
Ces avancées sont d’autant plus intéressantes à voir que le professeur Benson est toujours en avance, grâce à ses calculs. Lui est mathématicien. Il est une sommité. Tout le monde le respecte et l’admire. Mais il s’est enfermé dans sa bulle. Il ne supporte personne et méprise ses concitoyens. Il n’en finit pas de se moquer des découvertes des autres scientifiques, alors que lui « sait » déjà grâce à ses équations. Malgré tout cela, tout le monde vient le voir, avec une appréhension certaine, pour avoir une confirmation ou un ordre de sa part.

Le traitement réservé à ce personnage central joué par Claude Rains (Lawrence d'Arabie, Alfred Hitchcock présente, Le monde perdu, Le fantôme de l'opéra, Casablanca, Le loup-garou, Les aventures de Robin des Bois, L'homme invisible…) est très bon. Vous avez un professeur antipathique au possible. Mais dans le même temps si charismatique. Il envoie promener tout le monde. Mais malgré cela, l’ensemble de la communauté scientifique continue de le consulter, car il sait. Le respect de sa connaissance et de son savoir font passer son excentricité au second plan. Peu importe son impolitesse, il est nécessaire d’avoir son avis sur la météorite. De ce fait, il est détestable et apprécié dans le même temps.
Sorte de gros ours mal léché, il est là pour envoyer promener tout le monde. Mais comme il partage ses informations et ses résultats, il reste le sauveur potentiel.

Côté effets spéciaux, le film tient avec des bouts de ficelles (parfois visibles), mais peu importe. Nous sommes en 1961. Il est évident que la vision des vaisseaux spatiaux n’est pas la même que maintenant et que les effets se faisaient grâce à des maquettes ou des décors qu’il fallait refaire de toute pièce. Une tache délicate qui a été réalisée avec habileté par les équipes de La Planète des hommes perdus.
L’ensemble reste très cohérent. Ce qui permet d’apprécier ce petit côté vintage, et de ne conserver que l’essentiel : l’idée de base et l’aventure qui se déroule sous nos yeux.

La Planète des hommes perdus est un bon film de SF que les amateurs se doivent de regarder. Nombre de petits génies de l’informatique devraient s’en inspirer avant de s’improviser réalisateur. Car La Planète des hommes perdus est un très bon exemple de ce qu’il faut faire pour traiter un sujet de science fiction : travailler son scénario, avoir des bons acteurs. Les effets spéciaux ne viennent d’après. La puissance narrative vous oblige dans ce cas à adhérer à ce que vous voyez. Même si les fusées et vaisseaux spatiaux sont agités au bout de fils, l’histoire continue. Vous avez envie d’y croire, car l’aventure vous transporte.
La Planète des hommes perdus est un pur délice.

Xavier


La planète des hommes perdus - extrait par apparitor