Après un de leurs méfaits ayant conduit à un énième massacre, un quatuor de bandits se planque dans une étrange ville fantôme. Fortuitement rejoins par un cavalier solitaire en quête d’aventures mais qui ne sait pas tirer et par la seule survivante d’un chariot qui traversait l’Ouest, les hors-la-loi s’en donnent à cœur joie pour torturer les innocents tout en se chamaillant pour l’or.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’on n’a pas l’habitude de voir de tels films. Voir même que Matalo ! s’avère unique en son genre ! Complètement décalé avec des personnages fous, un héros d’une faiblesse affligeante, des costumes au look seventies, et les décors d’une ville fantôme surréaliste avec des canapés plantés sur la place du village à 45° ou les croix du cimetière emmêlées dans un total désordre. La musique aussi, pleine de guitares, de saturation et de rythmiques lancinantes et psychés, déroute voire rebute le spectateur.
Outre cette multiplication de bizarreries, deux choses nous marquent particulièrement.
Tout d’abord, la présence de cette « ghost town » qui menace à de nombreuses reprises de faire basculer le film dans du fantastique pur et dur (changement de musique, voilages omniprésents, personnages qui s’engluent dans des toiles d’araignées, et surtout cette insupportable balançoire et son grincement plus qu’agaçant…).
Mais surtout, les plans du réalisateur sont improbables d’un bout à l’autre du film ! Pour commencer une sur utilisation des très gros plan serrés avec des cadrages délirants sur des moitiés de faces de chevaux ou de peones. Ensuite, des flous curieusement gérés qui peuvent là aussi impatienter le spectateur. Si l’on passe moult effets de styles où les contre-plongées tiennent le haut du podium, reste des plans circulaires et des travellings serrés façon caméra à l’épaule qui donnent rapidement la nausée.
En résumé, Matalo est un western européen ancré dans son temps qui devient une ode à la culture hippie… surtout aux champignons hallucinogènes !

Artus Films nous propose avec cette édition deux bonus intéressants.
Bienvenue en enfer, analyse du film par le spécialiste du genre Alain Petit présenté sous forme d’interview revient sur le contexte de sa création et sur le parcours des différentes artistes ayant travaillé sur ce long métrage.
Rouge Western est un documentaire de 2007 qui s’attache à l’histoire du western italien et à ses correspondances avec l’histoire du pays. On y retrouve les témoignages de plus d’une dizaine de réalisateurs (Fernando Baldi, Marlo Caiano, Frank Kramer, Carlo Lizzani, Franco Giraldi, Giancarlo Santi…), d’acteurs de cinéma bis (Gianni Garko, Georges Hilton…), de cascadeurs, décorateurs, costumiers, et autres techniciens. On y convient que la loi du Western Italien, c’est l’argent. Que la figure forte est le bandit et non pas l’homme de loi comme dans les longs métrages américains et leur archétype de shérif joué par Gary Cooper. Cette prise de partie pour les méchants correspond à l’état d’esprit de la société italienne de l’époque qui finira avec la violence des Brigades Rouges. A ce moment, les westerns seront remplacés par des films policiers contemporains, reprenant tous leurs codes mais en faisant cette fois ci la part belle aux policiers.
On y souligne que le dernier western italien, en 1978, « l’Homme à la hache » est très ancré dans l’actualité mondiale avec un propos écologique.

Avec cette version DVD de Matalo !, Artus Films vous offre donc la possibilité de découvrir un western européen vraiment unique en son genre. Mais aussi de bénéficier d’un documentaire vraiment passionnant sur le western européen, notamment grâce au grand nombre de personnalités y ayant donné leur avis et surtout leur analyse éclairée.