Annoncé comme le film le plus jouissif de l'année par M. Frederic Temps, nous bénéficions de l’avant-première grâce à Appolo distribution.
Le film est distribué par Universal, mais des difficultés de présentation en festival ont eu lieu à cause du propos très critique de la situation aux USA.
On peut le voir comme un écho, ou un reboot moderne et adapté aux réseaux sociaux à La poursuite impitoyable de Arthur Penn, avec 50 ans d'écart.

Le moins que l'on puisse dire c'est que le film n'a pas été survendu. Assassination Nation est un excellent film, véritable pavé dans la mare qui reflète les travers de notre société, sans même la caricaturer. Et c'est là où Sam Levinson (fils de Barry) est très bon en tant que scénariste et réalisateur. Il joue avec tous les codes des différents genres pour les remettre à sa sauce et servir sa narration.
Il y a de tout dans Assassination Nation, mais juste ce qu'il faut. Ici rien de comique, rien de burlesque, simplement la société (américaine pour l'occasion) qui est sous le feu des projecteurs pour ce qu'elle a de plus cauchemardesque, mais de si réel. Il suffit de regarder les informations de temps en temps pour voir dans les drames et faits divers, chaque séquence du film.
Sam Levinson appuie là où ça fait mal, là où ça irrite, pour mieux combattre la bêtise et la méchanceté humaine. Ce racisme populaire, cette intolérance que les réseaux sociaux exacerbent.

Dans le groupe de 4 bonnes copines, il y a Bex, qui est transsexuelle, mais cela ne pose aucune difficulté. Le directeur du lycée est noir. Et alors, ce n'est pas un problème. La ville de Salem est une ville cosmopolite, qui vit avec son temps. Les ados boivent et fument en soirée, ont des problèmes de coeur, mais tant qu'ils rentrent pour prendre le petit déjeuner en famille, tout va bien dans le meilleur des mondes. Mais un cataclysme va se produire, le jour où des informations personnelles vont êtres « leakées », d'abord sur le maire de la ville, qui a un passé de travesti. Ce qui ne manque pas de surprendre, en raison de sa position marquée contre la communauté LGBT, puis c'est au tour du Directeur du lycée de voir son intimité relevée en plein jour et les révélations ne vont pas s'arrêter là. Au point de rendre toute la population de Salem complément folle. Comment faire machine arrière : il suffit de trouver un bouc émissaire. Et Salem, la chasse aux sorcières, ils connaissent !
Mais Lily et ses amies ne vont pas se laisser faire. Car ces filles-là ont du courage et des idées à défendre.
Des personnages avec un vrai caractère et une vraie épaisseur. Ce qui les rend crédibles, authentiques et empathiques.
Vous allez souffrir avec eux lors de leurs différentes péripéties. Car la vie ne va pas leur faire de cadeau. Surtout avec tous ces habitants de Salem, avec leur mesquinerie, leur étroitesse d'esprit, leurs sales petits secrets, leur jalousie...

Tous les travers de notre société se retrouvent dans Assassination Nation, où la dénonciation n'est jamais gratuite. Chaque action est une source à la réflexion. Rien n'est facile. Il s'agit de tordre le coup à tous les clichés et préjugés.
Le sujet du consentement est l'un de ceux qui est très bien développé ici. Avec plusieurs niveaux de difficulté parfois pour un même personnage qui joue avec plusieurs personnes à la fois.
Entre réputation, assumer ce que l'on est vraiment, jouer sans jamais vouloir y toucher... Il y a de quoi faire. Tous y est et vous donne envie de pousser la réflexion après la projection. Et avec une bonne dose d'humour à certains moments. Comme quoi tout y est.

Les décors, les tenues, la bande son, la photographie, tout est à saluer dans ce film.
Il sortira le 5 décembre 2018 en France. N'hésitez pas un seul instant à aller le voir !