Réalisateur : FERRONI Giorgio
Distribution : Artus Films



Date de sortie en salle : 1960
Sortie coffret Mediabook DVD/BluRay + Livret 64 pages : 16 avril 2019

Collection Chefs d’œuvre du Gothique
Coffret Collector avec livre 64 pages "Le moulin des femmes de pierre"
Versions : français, italien, anglais
Sous titres : français
Format original 1.66 - 1920/1080p
Durée : 97 min

Avec : Pierre Brice, Dany Carrel, Scilla Gabel,Wolfgang Preiss
Les suppléments du DVD :
Le docteur et les femmes, par Alain Petit
Les femmes de pierre, entretien avec Liana Orfei et Fabio Melelli
Alternatives italiennes
Alternatives américaines
Diaporama d’affiches et de photos
Film-annonce anglais
Livret 64 pages : Le moulin des femmes de pierre

Le moulin des supplices (Il Mulino delle donne di pietra) est un classique du film d’horreur comme vous le savez ou comme vous allez le découvrir. Les éditions Artus films ont fait une fois de plus les choses en grand pour la sortie de ce bijou italien qui date de 1960 : DVD+Blu Ray + livret de 64 pages et de nombreux bonus.

L’histoire est assez commune si l’on souhaite la résumer : un père fait tout ce qui est en son pouvoir pour sauver sa fille. Cela se traduit dans Le moulin des supplices de la façon suivante : le Professeur Wahl (Herbert A.E. Böhme) s’est alloué les services du Dr Loren Bohlem (Wolfgang Preiss) aux pratiques douteuses, afin de maintenir en vie sa fille Elfie (Scilla Gabel) atteinte d’une bien étrange maladie.
Le professeur Wahl est connu pour ses créations aussi vraies que Nature, notamment des représentations de femmes. Il a même une sorte de spectacle macabre dans son moulin : un mécanisme qui fait déambuler ses sculptures. Chacune présente une scène horrible de femmes célèbres : Jeanne d’arc sur son bûcher, l’empoisonneuse de Loudun etc.
Hans (Pierre Brice), un jeune homme venu pour travailler sur un carillon du Professeur Wahl, va connaître quelques aventures dans le moulin. Malgré un accueil très glacial du professeur Wahl, Hans va pouvoir réaliser sa mission sur le carillon, mais dans un temps réduit. Tout aurait pu se dérouler au mieux si Elfie n’avait pas voulu séduire le pauvre Hans.

Si le scénario est correct, ce n’est pas là que se trouve le plus grand intérêt du film. Les choix au montage ont été drastiques. Des coupes franches furent opérées dans toutes les versions disponibles. Nous ne pouvons que le regretter aujourd’hui, mais pour différentes raisons elles étaient obligatoires dans les années 60, vous en saurez plus dans les bonus. Cela occasionne 3 ou 4 fois des transitions abruptes entre certaines scènes. Mais la cohérence reste toujours là.
Ce qui fait la qualité du film serait plutôt : la réalisation, les décors, la photographie et le jeu des comédiens.
Le film est emprunt d’expressionnisme allemand. Les ombres tracées par les poutres en sont un exemple. Comme dit dans les commentaires en bonus, l’influence des peintres flamands, qui jouent sur les perspectives donnent un effet curieux : chaque salle est plus grande que ce qu’elle paraît. Cette absence de limite a pour effet de casser le côté étouffant du moulin. Mais renforce la sensation d’angoisse, car vous ne savez jamais si vous avez bien appréhendé chaque zone de l’habitation.
La photographie, qui va de paire avec les couleurs employées par le Technicolor, est on ne peut mieux maîtrisée. Comme le dit Alain Petit, c’est le seul film en couleurs sur les 5 qu’il cité dans son introduction.
Les acteurs et actrices du film font un travail remarquable de bout en bout. Si vous ne connaissez pas tous les noms par cœur. Soyez pourtant assurés que vous avez affaire à de vraies stars, c’est notamment le cas de Pierre Brice, qui tient le rôle de Hans. Il a fait une très belle carrière en Allemagne.
Herbert A.E. Böhme est parfait dans son rôle de sculpteur/père possessif. Wolfgang Preiss possède ce côté louche qui colle si bien au personnage du médecin. Les rôles féminins, tout en sensualité, forcent l’admiration. Scilla Gabel (Elfie) a commencé sa carrière comme doublure de Sofia Lauren. Elle campe à merveille le rôle de la séduisante malade au mystère inavouable. Dany Carrel (Liselotte), en amoureuse secrète est elle aussi d’une beauté indiscutable. Il en est de même pour Liana Orfei (Annelore) en tant que chanteuse d’auberge et modèle pour les cours du Professeur Wahl.
Tous sont à leur place, sans l’ombre d’un doute.

En bonus : la bande annonce en anglais, les scènes qui sont présentes dans les versions anglaises et italiennes.
Un entretien avec Liana Orfei (Annelore). En introduction, elle explique qu’elle a été démanchée pour le rôle alors qu’elle travaillait dans un cirque. Un agent de cinéma Pippo Fortini est venu la voir avec Federico Fellini en gage de son sérieux. Ce qui a attiré les producteurs et les photographes. Liana Orfei a ainsi tourné dans 56 longs métrages, à cela il faut ajouter ce qui a été produit pour la télévision et des pièces de théâtre. Elle donne ensuite de nombreuses informations sur le film, par exemple le fait que ce soit bien elle qui chante en français, pour le passage dans l’auberge. Et que dans une scène coupée, elle avait un échange avec un jeune acteur qu’elle avait trouvé très prometteur. Et pour cause, il s’agissait du futur Terence Hill.
Fabio Melelli, historien du cinéma présente le film dans son contexte historique. Le moulin des supplices se situe au début des origines de l’horreur à l’italienne. Selon lui le film doit beaucoup à la peinture flamande, ce qui explique les lieux de tournage notamment du côté d’Amsterdam.
Alain Petit nous propose une chronologie. Il rappelle que la particularité de Le moulin des supplices, c’est le travail sur la couleur. Le film a eu un beau succès à sa sortie, au niveau mondial. Vous aurez des explications sur les différences de versions. Reste un mystère sur les scénaristes, car selon les archives, des personnes différentes sont créditées. De même le roman cité comme référence ne semble pas exister. Puis Alain Petit retrace le parcours du réalisateur, du directeur de la photo, du responsable des décors, du compositeur, sans jamais tarir d’éloges.
Même choses pour les acteurs et actrices du film qui ont tous des carrières impressionnantes, comme indiquée précédemment.
Le moulin des supplices est un film très intéressant pour son esthétisme et l’interprétation.
Un classique que vous ne pouvez pas manquer. Surtout dans cette version intégrale, restaurée 2K.


Xavier